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 [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.

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Evan Rosier
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Evan Rosier
Chocogrenouille
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MessageSujet: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyLun 2 Fév - 21:22

S’il avait pris le temps d’y réfléchir, sans doute aurait-il réalisé que tout cela aurait été bien plus simple s’il avait simplement transplané à l’intérieur du manoir.
Cela dit, s’il avait pris le temps de réfléchir tout court, jamais il n’aurait eu l’idée sotte et grenue de se pointer là-bas aussi tard dans la soirée dans un état pareil.

Il savait bien, pourtant, depuis le temps, qu’accepter de boire un verre avec Potter et Black – l’aîné, pas Regulus – c’était se lancer dans une escalade de débauche et, comme il ne jurerait pas sur son honneur de ne plus jamais toucher à l’alcool avant quelques années encore, se retrouva fatalement complètement déchiré avant que ne sonnent les douze coups de minuit.
À vrai dire il n’était même pas encore vingt-trois heures, mais la notion d’espace-temps d’Evan était quelque peu perturbée et lorsque Sirius lui avait pointé une demoiselle du doigt en lui faisant remarquer qu’elle le bouffait des yeux depuis trop longtemps pour ne pas être intéressée, il lui avait très sérieusement répondu : ‘ton frère m’attend.’ avant de transplaner, son verre encore à la main.

Par un miracle abscons, il y arriva en un seul morceau. Il passait tant de temps chez les Black, ces derniers temps, que la maîtresse de maison lui avait assigné une chambre officielle ; quoique si l’ancien Gryffondor faisait mine de s’y coucher il terminait très souvent la nuit dans celle de Regulus où ils passaient des heures à lire, à s’écouter et à se provoquer. Evan n’était pas réellement invité par le concerné, pas explicitement du moins, mais le fait que son ami y soit enfermé contre son gré le révoltait trop pour qu’il n’y rajoute pas son grain de sel. Sans compter qu’il quittait Londres en Septembre et s’il ne l’avait toujours pas annoncé à Regulus l’échéance pesait sur ses épaules ; mais l’heure n’était pas à ces préoccupations et tout en éclusant la boisson il se mit en quête de la fenêtre du susnommé.

L’alcool altérait ses sens et il visait terriblement mal, aussi passa-t-il quelques minutes à tenter vainement de lancer la caillasse qu’il avait récolté le long du chemin à la bonne fenêtre avant de réaliser qu’il se trompait d’étage et qu’il devait probablement emmerder les malheureux elfes de maison afféré à ranger la salle de vie après le départ des résidents. Evan sembla trouver l’alternative très drôle et pouffa sa stupeur amusée, l’équilibre instable. Il lui fallut d’ailleurs trébucher son ivresse pour le réaliser et lui vint alors l’idée la plus adéquate dans pareille situation : escalader.

« Reg ! » prit-il néanmoins le temps d’appeler, pataugeant son impatience en hésitant sincèrement à mettre son plan en exécution. S’il chutait, il ne donnait pas cher de sa chemise – et celle-ci lui tenait à cœur, puisqu’elle savait souligner la couleur de ses yeux comme aucune autre. Sans compter qu’il se décoifferait probablement, et Merlin seul savait le temps qu’il avait passé dans la salle de bain avant de rejoindre ses deux anciens camarades de maison.
« Reg, tu m’emmerdes. » Grincheux ; quoiqu’en haut de sa liste des priorités trônait le concerné et Evan se résigna à la poussière pour les beaux yeux de ce dernier. Il avait beau n’y être pour rien, cela n’empêcha pas le jeune homme de se promettre de lui faire payer ça.

Ce fut fastidieux et Evan saccagea probablement quelques mois de travail du jardinier mais, louée soit sa chance, il enjamba le balcon bordant la chambre de Regulus sans encombres. Il s’était persuadé d’être discret mais entre son lancé de pierres et les nombreuses injures crachées au fil de son ascension, il semblait avoir réveillé le brun car celui-ci ouvrait la porte-fenêtre simultanément à son arrivée à sa hauteur. Le plus naturellement du Monde, Evan lui décocha son sourire le plus innocent, levant la main pour se la passer dans les cheveux comme s’il s’agissait là d’un geste tout à fait naturel.

« Hé, Reg, j’ai besoin d’emprunter ta douche. » Mais ce faisant, sa position précaire perdit son point de gravité et déjà il tanguait dangereusement vers le vide, condamné – ou presque – à retomber d’où il venait comme un malotrus.
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Regulus Black
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Regulus Black
Chocogrenouille
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyLun 2 Fév - 23:48

De façon générale, Regulus avait tendance à choisir ses amis très différents de lui.
Il suffisait de regarder Godric, pour le savoir – sous-entendu par là, qu'avait-il de commun avec Godric ? Rien. Voilà. Rien sinon une affection indéfectible, c'était certain, mais un vaste rien tout de même et c'était bien comme ça.
De fait, ce n'était donc pas si étonnant que ça qu'il soit si lié à Evan Rosier.

Ce qui était plus étonnant, cela dit, c'était que personne de sa famille ne se soit douté de la terrible influence qu'il représentait.

Il n'était pas bien tard ce soir-là – de toute façon, Regulus avait toujours été un oiseau de nuit – mais ses parents étaient couchés depuis un moment déjà pendant que lui, après avoir refusé purement et simplement de se présenter pour dîner en leur compagnie, lisait dans sa chambre en attendant le moment idéal pour se glisser dans les cuisines et chaparder un morceau de nourriture. Kreattur ne dirait rien, c'était certain, mais il s'en voulait de lui imposer un labeur supplémentaire. Il le faisait déjà un peu trop régulièrement à son goût, ces derniers temps.

Agacé, il avait poussé un profond soupir avant de refermer son livre un peu brutalement et de le poser sur sa table de chevet. Il s'était frotté les yeux une seconde et c'est à ce moment-là qu'il l'avait entendu. Au début, il avait pensé à une quelconque créature nocturne en vagabondage dans le coin. Après, il s'était rendu compte que c'était à peu près ça mais pas tout à fait quand même puisque c'était la voix d'Evan, qui provenait de son jardin, qu'il était tard pour une visite et que ce dernier était présentement en train de l'insulter.

Il avait hésité une seconde à lui répondre et puis avait réalisé que ça n'aurait pas été drôle aussi il avait attendu, appuyé contre le rebord de la fenêtre puis, lorsqu'une main était apparue sur le rebord de son balcon, avait ouvert la fenêtre avec le roulement d'yeux approprié. Il ne fallait surtout pas montrer à quel point il était heureux de la voir, à quel point il était dépendant, à quel point il lui était reconnaissant, de ne pas le laisser seul dans le noir, de ne pas l'abandonner à son enfermement.

Évidemment, loin de tout ce sentimentalisme mièvre, Evan réclamait sa douche.
Ce qui devait être au moins la requête la plus étrange à faire à quelqu'un dont on vient d'enjamber le balcon à pas d'heures dans la nuit.

Alors qu'il s'apprêtait à lui répondre, un regard sentencieux posé sur lui, il avait remarqué deux choses : un, il commençait à tanguer, deux, le bord du balcon était encore très près.
Il avait suffi d'une seconde pour que ses réflexes d'attrapeur ne se réveillent et il avait agrippé, fort, le poignet d'Evan avant de le tirer d'un geste sec vers lui. Il l'avait entraîné à l'intérieur sans attendre, le cœur encore battant et le visage blême d'inquiétude :

« T'es carrément bourré, Rosier. » avait-il grogné en se penchant vers lui, le front posé contre le sien. « Je suis censé faire quoi, moi, si tu te pètes la gueule et que tu meurs sous mes fenêtres, sérieusement ? Tu t'es cru dans un mauvais remix de Roméo et Juliette ou c'est juste ton sens de la conservation qui s'est fait la malle à cause de l'alcool ? »

L'inquiétude faisait trembler sa voix et la colère faisait brûler ses yeux. Il n'avait pas lâché son poignet, pas encore, non, et ne projetait pas de le faire pour l'instant. À la place, il l'avait juste tiré à sa suite en marmonnant, tout bas :

« Je t'emmène à la salle de bain mais tu fais pas de bruits, okay ? »

Autant parler à un mur, en soit. Déjà sobre, Evan était quelqu'un de bruyant lorsqu'il se trouvait en sa présence. Bourré, c'était pire apparemment.
Cela étant, le bruit n'était même pas la première source d'inquiétude de Regulus. En vérité, il craignait surtout qu'Evan ne trouve le moyen de se noyer sous le jet d'eau.
C'était absolument irrationnel n'empêche qu'il en était persuadé, Rosier était capable d'y arriver.

Avec un sursaut de bon sens, il avait ajouté :

« Et surtout, ne vomis pas sur le tapis du couloir. »
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Evan Rosier
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Evan Rosier
Chocogrenouille
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 1:17

Avoir manqué de se briser la colonne vertébrale sur le pavé des Black en valait presque la chandelle, songea Evan tandis que Regulus déposait son front contre le sien, extatique d’une inquiétude sur laquelle Evan aurait pu rebondir, plaisanter, provoquer ; au lieu de cela il ricana stupidement, remuant le poignet pour l’extraire de l’emprise de Regulus et enrouler ses doigts avec les siens, liant leurs paumes comme s’il s’agissait là de leur juste place. S’il n’avait pas besoin d’une quelconque substance pour être honnête, Evan avait cette tendance à la tendresse, à désinhiber son côté sentimental lorsqu’il avait un peu trop bu – et curieusement, elle se révélait toujours en présence de Regulus. Bien qu’il fut toujours particulièrement tactile avec lui ; mais il y avait une attention, dans ce contact, qu’il ne laissait que rarement entrapercevoir.

« T’énerves pas, Reg. Je sais même pas ce qui c’est, Roméo et Juliette. » Et c’était vrai, au demeurant ; la littérature moldue ne l’avait jamais intéressé outre mesure. Déjà que cela pouvait être un sacré challenge que de lui faire ouvrir un bouquin magique.

Puis, comme un animal de compagnie obéissant, Evan avait suivi Regulus, hochant sagement la tête à ses indications – ne pas faire de bruits, ne pas vomir. Jusque là, ce n’était pas trop lui demander, à ceci près qu’Evan n’avait absolument pas conscience du bordel qu’il pouvait semer sur son passage et il trébucha bruyamment environ trois ou quatre fois, prétendit qu’il n’était pas ‘si bourré que ça’ sur des décibels indécentes et s’étonna de la présence d’un tableau qu’il jura ne jamais avoir vu de sa vie alors que l’œuvre avait toujours été suspendu ici.
À part ça, il n’avait qu’une seule parole : ne pas faire de bruits et ne pas vomir. Regulus était sûrement fier de lui.

Ce dernier avait étonnamment accéléré le pas mais Evan ne s’en formalisa pas, pénétrant dans la salle de bain lorsque son ami lui en ouvrit la porte sans pour autant laisser partir sa main ; même, il l’entraîna derrière lui, retirant ses chaussures à l’aide de ses talons en jetant un regard de chien battu à Regulus. Si Evan était d’ordinaire assez expressif, son visage semblait se fendre et se déformer au rythme de ses pensées désorganisées et c’était presque à s’étonner de le voir aussi sain d’esprit lorsqu’il n’était pas capable de se focaliser sur la même chose plus de trois secondes et demie.

« Reste avec moi. » qu’il lui demanda, l’imbécile ; sans rougir ni sourciller, il se décida enfin à relâcher sa main et commença à se déshabiller, là, les yeux plantés dans ceux de Regulus – et cet éclat de provocation de revenir à la charge, comme s’il cherchait à réveiller des désirs inassouvis. Puis, s’immobilisant dans son geste, de s’illuminer d’une autre étincelle, comme s’il venait de découvrir la vérité immuable régissant l’univers.
« Tu as déjà fume sous la douche ? Bordel, Reg, je suis un génie ! »
Ou alors de l’avoir oublié à l’instant même où cela lui avait traversé les neurones, au choix.
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Regulus Black
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Regulus Black
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 1:40

« Bien sûr que tu sais pas ce que c'est, Roméo et Juliette » avait marmonné Regulus avec une affection bourrue tout en resserrant sa prise sur sa main. « Abruti. »

Il l'adorait. Ça contredisait tout ce qu'il pouvait dire, tout ce qu'il pouvait montrer, mais c'était une certitude, la même certitude qui disait que l'eau mouille, que le feu brûle, que les oiseaux ont des plumes et tout le tintouin. Ça tenait aussi de la physique quantique parfois, il l'adorait et ne l'adorait pas, tout à la fois, sans certitude de ce qui se passait réellement dans son cerveau. Souvent, ce n'était pas très important.

Quand il le maintenait debout dans le couloir en essayant d'éviter qu'il envoie valser les vases stupides en porcelaine de chine qui reposaient dans le couloir, ça le devenait quand même un peu. Clairement, il n'aurait pas fait ça pour n'importe qui. Chanceux qu'il était, Evan n'était pas n'importe qui.

Ils avaient chancelé tant bien que mal à l'intérieur et Regulus s'était retrouvé entraîné à sa suite, la bouche subitement sèche et la gorge serrée. Ce n'était pas vraiment ce qu'il avait prévu et l'idée de passer du temps avec Evan nu lui semblait un pari un peu risqué pour sa toute relative santé mentale. N'empêche qu'il ne pouvait pas le laisser. Ni maintenant, ni jamais, dans le fond, pour ce que ça valait.

Il s'était frotté la nuque, les joues un rien rosi, avait détourné les yeux alors qu'il commençait à se déshabiller et avait soupiré :

« Je vais rester mais dépêche-toi. »

Machinalement, il avait jeté un sort d'insonorisation afin d'éviter que les éclats de voix ne réveillent quelqu'un de peu compréhensif. Il était presque certain que les elfes de maison était déjà au courant de la présence d'un intrus mais il savait qu'ils auraient le bon ton de ne pas en faire part à qui de droit – Regulus avait une côte folle auprès d'eux et c'était tant mieux pour lui en un sens.

« Oui, oui, un génie. » avait-il répondu sans franchement l'écouter, les yeux posés sur les détails intriqués des carreaux de la salle de bain. Il avait mis quelques secondes avant de réfléchir à ce que délirait Evan et avait sursauté, subitement conscient d'à quel point c'était stupide. « Attends, attends ! » avait-il râlé en s'approchant de lui, les sourcils à nouveau froncé. « Fais pas ça. C'est dangereux. Et tu vas te foutre le feu aux poils pubiens, adroit comme t'es. »

Ah, voilà, l'énervement recommençait à frapper et Regulus le fixait avec un mélange d'envie, d'exaspération et d'attendrissement qu'il n'était pas certain de pouvoir assumer.

« Allez, magne-toi, maintenant. » avait-il à nouveau encouragé tout en attrapant les derniers boutons de sa chemise pour les défaire. « Tu vas finir par t'endormir sous la douche avec tout le temps que tu mets. Et je te laisserais là, si ça arrive. Je suis sans pitié. »

Ou en tout cas, il voulait lui faire croire. Il avait effleuré par mégarde un bout du torse d'Evan et avait subitement réalisé ce qu'il était en train de faire. Il s'était immobilisé quelques secondes, avait dégluti, s'était demandé quoi faire avant de finalement le pousser dans la cabine de douche.

« Je te raconterais une histoire pour t'endormir, si tu te presses un peu. »

Genre, Roméo et Juliette, histoire de faire son éducation.
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Evan Rosier
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Evan Rosier
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 2:16

Evan avait baissé les yeux sur les doigts brûlés lorsqu’ils avaient commencés à déboutonner sa chemise et, étonnamment, cela lui coupa le sifflet. Lui qui s’était mis à ricaner et à balbutier il avait déjà oublié quelles inepties, la vision de Regulus en train de le déshabiller avait quelque chose de transcendant et Evan sentit une vague de chaleur le traverser de part en part. À moins qu’il ne commence à se sentir malade ? et machinalement il porta la main à ses lèvres, brisant le peu de romantisme qu’il avait su instaurer pour se focaliser sur les consignes de son ami. Ne pas vomir, ne pas vomir. Quoiqu’il n’avait rien dit à propos de carrelage, n’est-ce pas ?
Evan préférait ne pas tenter sa chance. Il avait beau l’avoir insolente, Regulus pouvait se montrer intimidant, quand il le voulait.

« Tu f’rais pas ça. » Il lui tenait tête mais cela tenait plus de la fierté qu’autre chose et le regard inquisiteur qu’il lança à Regulus trahissait son manque d’assurance alors qu’il trébuchait – encore – pour cette fois atterrir dans la cabine de douche.
Il gonfla ses joues, marquant là une révolte silencieuse qu’il n’exprimerait pas autrement, et sa main actionna l’arrivée d’eau avant qu’il ne réalise qu’il ne réalise qu’il n’avait pas terminé de se déshabiller et que son jean allait être une véritable plaie à retirer.
Quoique, non, il ne le réalisa pas réellement – il s’étonna de la sensation désagréable pesant sur ses jambes, mais c’était déjà un bon début.

« Donc tu m’invites à dormir ? » ronronna-t-il, papillonnant exagérément des cils comme s’il prenait là Regulus de revers alors, qu’en soi, c’était exactement ce qu’il se passait chaque foutues fois qu’il posait un pied chez les Black. Il aurait pu plaisanter sur le fait qu’il allait encore passer une nuit blanche, et qu’importait le nombre de lignes que Regulus allait pouvoir lui lire, mais Evan n’était sans doute pas assez saoul pour trahir ce secret-là.
Ou alors beaucoup trop imbibé pour s’en souvenir. L’évidence se baladait souvent entre les extrêmes lorsqu’il était dans cet état.

« Okay, okay. Primo, je ne suis pas assez fatigué pour cela, donc ne pense même pas à m’abandonner ici. Deuzio, je veux l’oreiller en plume d’oie. Tertio – à la pêche ? Seigneur je ne peux décemment pas me laver les cheveux avec ça. Envoie-moi une serviette. »
C’était presque à se demander pourquoi il voulait se doucher en premier lieu, sachant qu’il n’avait pas touché au savon et que, certes, si la poussière emmagasinée par l’escalade ne parsemait plus sa pilosité, sa coiffure était ruinée. Au moins, l’alcool avait cet avantage de lui faire omettre ce détail.
« Faut-il que je t’aime pour sacrifier mon hygiène. » Et ce soupir exagéré de drama queen s’exprimait le plus spontanément du Monde.
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Regulus Black
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Regulus Black
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 2:43

Okay, non, Regulus retirait tout ce qu'il avait pensé précédemment, Evan était une plaie. Une plaie qui geignait, gigotait et grognait comme un enfant, qu'il appréciait certes démesurément mais qui commençait à lui bouffer une sérieuse partie de la nuit. Non pas que Regulus ait besoin de beaucoup de sommeil en soi mais c'était beaucoup plus fatiguant de frayer avec un Evan carrément ivre que de le fréquenter sobre.
Avec un soupir absolument pas exagéré, il lui avait lancé son regard n°5 aka le regard le plus désapprobateur qu'il possédait et avait croisé les doigts en s'adossant au lavabo. De fait, Evan se tortillait sous l'eau plus qu'il ne se douchait et Regulus songeait avec une pointe d'exaspération à tout ce temps perdu pour du vent – pas tout à fait du vent, en soit, parce qu'il observait avec un intérêt tout particulier la ligne de la colonne vertébrale d'Evan et qu'il avait clairement senti son ventre se tordre à cette vision. Il valait mieux ne pas y penser.

Il avait fermé les yeux, avait inspiré trois ou quatre fois et avait balancé une serviette à la tête d'Evan avec une précision un peu effrayante avant de s'approcher pour la frotter sur ses cheveux, un sourire en coin sur les lèvres malgré tout.

« Oui, tu es invité à dormir, Evan, je ne vais pas te renvoyer chez toi avec un jean trempé et l'air d'un chiot qui a passé la nuit d'un tonneau de rhum. » Il avait levé les yeux au ciel. « Quant au reste je ne vais même pas prendre la peine de répondre parce que tu racontes juste n'importe quoi et que mes cheveux sentent très bons. » Il avait secoué la tête : « Par contre tu ne retournes pas dans ma chambre avec ce jean trempé, laisse-le là. »

Oui, bon. Ce n'était certes pas la chose la plus avisée de trimballer Evan en calbut dans tout le manoir Black mais pour quelques mètres ça devrait passer... non ? En tout cas, il allait croiser les doigts et prier à peu près tous les Dieux qu'il connaissait d'être en sa faveur parce qu'il était hors de question qu'Evan ramène ses nippes trempés dans son lit.

« Faut-il que je t'aime, moi aussi, pour me laisser embarquer dans des plans pareils. » avait-il répliqué d'un ton mordant tout en ignorant de façon parfaitement délibérée la façon dont son cœur avait brutalement accéléré lorsqu'il l'avait entendu dire ça. « Maintenant dépêche-toi, enlève ce jean et viens avec moi. »

Il n'avait pas spécialement sommeil mais il avait hâte de regagner la relative sécurité de sa chambre et se glisser dans son lit avec Evan – pour dormir, ou pas, il avait l'air plutôt bavard, une fois ivre. Il s'était adossé à la porte, patient, et l'avait entraîné ensuite pour faire le chemin en sens inverse, la main fermement serrée autour de la sienne, comme par crainte qu'il ne s'échappe, qu'il ne lui échappe, ou Merlin seul savait quoi encore.

« Tu as passé une bonne soirée, à propos ? » s'était-il enquis dans le couloir, en le surveillant du coin de l'oeil.

Oh ce n'était pas très subtil mais ça le travaillait. Il aurait bien aimé savoir avec qui il s'était enivré.
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Evan Rosier
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 3:38

« Ce n’est pas parce que tes cheveux sentent bon que ça irait aux miens ! » se défendit Evan, presque outré que l’on puisse essayer de lui dicter ce qu’il devait faire de sa noble crinière, quoique en laissant Regulus la tripoter à sa guise – et c’était là un privilège exceptionnel. Personne ne pouvait se vanter de pouvoir y toucher à part lui-même et Regulus, et si celui-ci ne s’y prenait pas correctement, si Evan avait des tas de choses à redire sur sa technique, il se taisait néanmoins, la tête baissée et sagement immobile le temps que son ami ne termine son geste.
« Oui, oui, je vais l’enlever – mince, laisse-moi respirer une seconde. » Il ponctua sa phrase d’un petit rire innocent et, après avoir partagé un coup d’œil complice avec Regulus, s’était attaqué à la compliquée entreprise que de retirer le jean détrempé qui lui collait aux jambes. Étonnamment il ne se brisa ni le crâne ni une cheville et s’il ruina probablement quelques pans de sa fierté à sautiller ainsi pitoyablement devant le maître des lieux, il ne tarda pas à tendre la main vers lui, le priant de l’attraper dans la sienne pour mieux se laisser entraîner à sa suite hors de la salle d’eau.

Et s’il hésita à se plaindre du froid tout relatif qui l’accueillit dans le couloir une fois privé de la vapeur tiède qui régnait dans la pièce précédente, Regulus ne lui en laissa pas l’opportunité et il remua les doigts pour les entortiller avec ceux de son ami de manière plus compliquée – mais aussi plus intime, comme un gosse qui voulait accentuer toutes les parties de son être en contact avec la personne aimée.
« Hmm.. oui. C’était sympa. J’étais avec James et. » Malgré l’ivresse un éclair de bon sens parvint à Evan et il marqua un temps hésitant, surveillant l’expression de Regulus du coin de l’œil sans vraiment réussir à la décrire dans son état. Pouvait-il lui mentir pour autant ? Il s’en douterait certainement, comme il le connaissait sur le bout des doigts, comme son silence soudain était déjà trop suspicieux. « Sirius. On est allés boire quelques verres, il a voulu me brancher avec une gonzesse, je suis venu te voir. Oh, et j’ai gagné au poker. Six fois. » Son sourire espiègle ne dissimulait pas sa fierté habituelle, mais Evan avait enchaîné les anecdotes pour ne pas s’attarder sur le plus délicat.

Quoique Regulus savait qu’Evan avait été proche de James et, par extension, s’était lié d’amitié avec Sirius. Il n’avait jamais – jamais. – mélangé ses deux relations et n’aurait pas hésité une seule seconde si Regulus lui avait demandé de choisir, mais c’était un sujet qu’ils n’avaient jamais abordés d’un accord tacite. À vrai dire, c’était peut-être l’une des premières fois où Evan évoquait clairement passer du temps avec Sirius – difficile de dire comment Regulus allait réagir et la simple idée mit le concerné mal à l’aise.

« Tu m’as manqué. » Ce n’était pas tant pour faire passer la pilule que la vérité. Souvent, Evan regrettait la présence de Regulus à ses côtés ; et ses doigts se tressèrent un peu plus avec les siens tandis qu’il le rapprochait imperceptiblement de lui, déposant un baiser sur sa tempe.
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Regulus Black
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Regulus Black
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 13:43

« Donc mes cheveux sentent bons. » avait conclu Regulus avec une légère pointe de fierté – la fatigue, toujours elle, lui faisait en partie s'accrocher à des micro-détails pour en faire tout un plat, la preuve en image.

Dans le couloir, il avait accueilli les doigts d'Evan entre les siens, paumes contre paumes, comme une étreinte, presque. Ça lui avait arraché un sourire bienheureux et il lui avait rendu la pression de sa main avec douceur, comme pour l'assurer qu'il était bien là, qu'ils étaient bien là. Sa main était chaude et c'est peut-être ce qui avait anesthésié Regulus en premier, ce pour quoi il ne réagit pas, ou à peine, en entendant évoquer son frère.

C'était de la faute de Regulus, en vérité, et il aurait dû savoir qu'il ne devrait pas poser de questions dont les réponses pourraient le blesser. Il le faisait tout le temps, quand il s'agissait d'Evan, par plaisir peut-être, par volonté de se punir, sans doute, d'une quelconque faute qu'il se serait octroyé. James Potter, avait dit Evan, et Regulus savait très bien que ça ne s'arrêtait pas là, malgré la pause qu'il avait marqué. Où allait James allait Sirius, et l'insupportable sentiment de trahison avait frappé plus fort, comme un coup de poignard, dans le ventre, dans le cœur, l'immense et déchirant sentiment d'abandon qui le saisissait dès qu'il était question de son frère.

Il avait esquissé un sourire pour faire bonne figure, s'était efforcé de ramener de la couleur sur son visage. Evan avait tous les droits de fréquenter Sirius. Ce n'était pas à lui que revenait ce choix, pas à lui non plus de lui imposer le vague à l'âme stupide qui faisait vrombir son crâne à chaque fois qu'il se souvenait à quel point James l'avait dépossédé de la seule famille qu'il avait aimée. Avec précaution, il avait serré la main d'Evan plus fort, pour se donner des forces, pour puiser dans sa capacité à faire de chaque choses un détail sans importance.

Parfois, il craignait de n'être que cela, lui aussi, dans la cosmogonie d'Evan. Un détail sans importance, quelque chose sur lequel il pourrait tirer un trait lorsqu'il cesserait de s'amuser. Et puis, il y avait un détail dans ses yeux, dans sa voix, qui lui rappelait qu'il n'était pas que ça. Doucement, il avait appuyé son épaule contre la sienne, un peu réchauffé à l'idée qu'il soit venu le voir, lui, plutôt que toutes les filles de la terre avec qui Sirius avait pu le brancher, à l'idée que lui ne l'abandonnerait pas, pas comme ça.

« Je suis content que tu aies gagné. » avait-il répondu en toute sincérité lorsqu'il avait été sûr que sa voix ne risquait pas de trembler. « Tu les as dépouillés de combien ? »

Il parlait d'argent comme d'un rien parce que c'était quelque chose qui ne signifiait pas grand chose à ses yeux. Il avait toujours eu de l'argent, avait presque, ou toujours, été élevé dans un milieu où l'argent n'était pas ce qu'il manquait. Il savait que ce n'était pas tout à fait la même chose pour Evan, avait conscience du poids qui devait peser sur ses épaules parfois et lui avait souri, bravement, lorsqu'il s'était penché vers lui pour embrasser sa tempe, des mots de sucre plein les lèvres.

« Je ne suis pas fâché, tu sais. » avait-il soufflé tout en poussant la porte de sa chambre, le regard fixé sur lui, comme s'il se demandait s'il le menait en bateau pour mieux apaiser une colère fictive. Il avait hésité un instant, avant de se décider : « Tu m'as manqué, toi aussi. »

C'était plus facile de l'avouer à la figure saoûle d'Evan que de l'assumer en temps normal et Regulus était lâche, lorsqu'il s'agissait de sentiment, lâche quand il s'agissait d'Evan. Sans lâcher sa main, il l'avait attiré jusqu'au lit pour le faire s'allonger, avant de le recouvrir de la couverture.

« Tu devrais dormir, maintenant, tu sais. » lui avait-il murmuré, les lèvres posées contre son front. « Sinon tu ne vas jamais pouvoir te lever demain. »

Non pas que ça l'aurait embêté, en soi, de passer tout le lendemain blotti contre lui.
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Evan Rosier
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 16:02

Evan aurait pu lui répondre que bien évidemment, idiot, qu’il n’avait pas besoin d’un shampoing parfumé pour sentir bon et que peu importe ce qu’il portait, il aurait pu passer des heures à s’enivrer de son odeur, mais il se contenta de lui tirer la langue dans un élan puéril. En outre, cela lui évita d’avoir à s’épancher plus que nécessaire sur l’obsession qu’il nourrissait envers Regulus et si ce n’était probablement pas un secret, tout du moins pour les concernés, Evan ne tenait pas tellement à se justifier dans son état.
De toute façon, il avait déjà oublié pourquoi il avait sorti sa langue en premier lieu.

Regulus s’était voilé mais s’il pouvait se vanter de savoir le faire mieux que n’importe qui, Evan était incapable de le lire lorsque le concerné décidait de se refermer. Bien sûr qu’il y avait quelque chose ; ce n’était pas pour autant que le jeune homme était capable de définir quoi exactement, ce n’était pas pour autant qu’il pouvait se décider sur quoi faire, quoi dire. Regulus serra sa main un peu plus fort et Evan lui répondit, se réconfortant à l’idée que son ami lui indiquait là la marche à suivre et que, sans doute, n’exigeait-il pas davantage, tant qu’il était là pour lui, tant qu’il restait à ses côtés comme il l’avait toujours fait.

« Oh – je ne sais plus. Je crois que j’ai oublié la mise sur la table. » avait-il soudainement réalisé et, loin de s’en offusquer, Evan se mit à rire d’un amusement ivre. Il était difficile d’appréhender la relation qu’Evan entretenait avec l’argent car il était le premier à éluder le sujet ; lui qui avait grandi dans une opulence indécente pour subir la dégradation progressive de la richesse de ses parents, lui qui avait dû regarder ses privilèges sociaux lui échapper au rythme des pièces quittant le coffre fort familial.
Evan aimait l’argent, c’était indéniable, quoiqu’il le méprisait également, comme pour tout ce qui le rendait dépendant, de la même manière qu’il voulait fuir Regulus sans pour autant pouvoir se passer de lui. Mais il balaya le sujet d’un mouvement de poignet, brassant l’air de sa main, esquissant un rictus de désintérêt. ‘Tant pis’ semblait-il dire. De toute façon, il les dépouillerait de nouveau les prochaines fois.

Un petit sourire de fierté vint remplacer le spectre de sa frustration sur son visage lorsque Regulus lui avoua qu’il lui avait manqué et Evan s’en contenta pour oublier tout le reste, se laissant guider jusqu’au lit et bercé par ce dernier.. et mieux arborer une mine inquisitrice, dévisageant Regulus comme s’il était en train de lui faire une mauvaise blague, ou comme s’il hésitait entre lui tenir tête avec pertes et fracas ou éclater de rire devant l’incongruité de la situation.
Il se décida pour la seconde solution et, se saisissant des épaules du brun, le renversa dans le lit avec lui, entortillant les couvertures, glissant contre lui, emboîtant ses jambes avec les siennes pour mieux enfouir son visage dans le creux de son cou. C’était probablement son endroit préféré dans l’univers tout entier ; juste là, le nez ivre de l’odeur de Regulus, le corps fondu dans sa chaleur, comme s’ils ne formaient qu’une seule et même entité – la plus parfaite qui soit.

« Tu m’as promis une histoire. » geignit-il d’une petite voix enfantine, frottant sa joue contre l’épaule de Regulus, glissant sa main dans la sienne, enveloppant son être tout entier comme s’il lui appartenait sans concessions.
Evan avait toujours été possessif et tactile, avec Regulus – mais souvent, lorsqu’il prenait le temps d’y penser, il s’en voulait d’être aussi transparent sans pouvoir s’en refréner. « Et je ne m’endormirais pas sans toi. Je ne suis pas venu pour te laisser seul. »
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Regulus Black
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 19:23

Un rire avait doucement franchi les lèvres de Regulus, avec une spontanéité et une sincérité rares. Il avait enflé, lentement, alors qu'Evan lui expliquait avoir oublier sa mise sur la table. Et Evan riait, et tout allait bien. Il y avait des moments privilégiés, comme ça, parfois, où plus rien n'était important, où plus rien n'était grave ou pressant. Il n'y avait plus que sa main dans la sienne et leurs rires dans la maison endormie. C'était absurde, un peu grisant, mais pour la première fois depuis longtemps, Evan qui délirait tout seul pendu à sa main, il se sentait chez lui. Ce n'était pas la main, pas sa chambre, pas les bruits feutrés des elfes de maison à l'étage du dessous, c'était Evan, Evan qui le faisait basculer sur le lit par-dessus lui, Evan qui bataillait avec les couvertures, Evan qui se collait contre lui pendant qu'il protestait en riant, les bras passés autour de son corps pour mieux l'attirer contre lui malgré tout.

« Tu es absurde » avait réussi à hoqueter Regulus entre deux éclats de rire, le menton appuyé sur le sommet du crâne d'Evan. « Tu n'avais pas l'air très intéressé par mon histoire tout à l'heure, dois-je te le rappeler ? »

Il avait glissé le bout de ses doigts sur son dos nu, caressant avec affection la ligne acérée de sa colonne vertébrale. Il avait tracé des slaloms entre ses vertèbres avant d'esquisser un vague sourire pensif. Il se demandait quelle histoire lui raconter, dans le fond, si lui parler de Shakespeare était réellement la meilleure chose à faire pour l'endormir ou si, au contraire, il allait rester éveillé histoire de le faire tourner chèvre. Il en était bien capable, l'animal. Sans se presser, Regulus avait pressé un baiser contre le sommet de son crane et, sans cesser de le masser, avait soufflé :

« Je suis heureux que tu sois venu. »

Et c'était la vérité. C'était bon de l'avoir là, dans son lit, de l'écouter raconter n'importe quoi et de se laisser aller à penser que la vie pouvait être simple, parfois. Il était heureux qu'il soit venu machinalement chez lui, heureux d'être celui vers qui il retournait, heureux d'avoir été là et de pouvoir profiter de sa chaleur, une nouvelle fois.
Si Evan n'avait pas été là, il serait peut-être devenu fou, enfermé entre quatre murs, le regard posé sur le plafond, l'impression d'être petit et insignifiant, de n'être qu'un meuble, un accessoire facile dont ses parents disposaient. Ses amis de Poudlard n'avait pas donné de nouvelles depuis un moment et personne ne s'aventurait au 12 place Grimmaud. Personne de sain d'esprit en tout cas. Personne à part Evan. Il avait des remerciements à lui présenter, de la gratitude à lui offrir, une masse confuse et brouillonne de sentiments qu'il ne saurait jamais vraiment exprimer.

Lentement, il avait remonté ses doigts le long de sa nuque pour masser la base de son crâne. Sa voix était douce et égale lorsqu'il avait demandé :

« Roméo et Juliette, alors ? » Il s'était tortillé un peu pour se caler plus confortablement, la joue appuyée contre l'oreiller. « Je l'ai fini hier. »

Ca, et trois autres livres mais Evan n'avait pas besoin de le savoir.

« C'est une histoire de fatalité, tu vois. » avait-il commencé, paisible, sans cesser de masser son cou. « Deux familles que tout oppose... Ils se battent depuis très longtemps. La fille des Capulet, Juliette, est en âge d'être mariée quant à Roméo... Il papillonne, c'est un homme à femme, quelque chose comme ça. Un jour, ils se rencontrent et c'est le coup de foudre, littéralement. Les gens trouvent ça romantique mais je trouve ça plutôt tragique en fait. Ils se voient et il suffit de quelques secondes pour ne plus pouvoir faire marche arrière. Il suffit d'un regard et c'est toute leur vie qui est renversée. Ce ne sont encore que des enfants pourtant. » Du pouce, il trace des runes sur la peau d'Evan, subitement un peu rêveur. « Après ça, ils se retrouvent, malgré les conventions, malgré tout. Ils se marient en secret mais un jour une bagarre éclate et lors d'un duel, le cousin de Juliette tue l'un des amis les plus proches de Roméo. Pour le venger, Roméo tue ce cousin et se fait bannir de la ville par le prince. » La voix de Regulus était chuchotante, berceuse tragique au creux de l'oreille d'Evan. « Juliette ne supporte pas la situation et pour ramener la paix, décide d'aller voir le prêtre qui les a marié dans l'espoir de trouver de l'aide. Il lui fournit un poison qui la fera paraître morte sans pour autant la tuer, en espérant que ce subterfuge permette de réconcilier leurs familles. Elle tente de faire parvenir une missive à Roméo mais elle se perd et c'est la nouvelle de la mort de Juliette qui lui parvient plutôt. Il décide de braver les ordres du prince, rentre à Vérone et, face au cadavre de Juliette, décide de se tuer à son tour. » Un petit rire amer l'avait secoué tant l'histoire était absurde. « C'est juste... L'histoire la plus stupide de la terre. Elle se réveille, le trouve mort, se tue pour de bon. Et à la fin, tout le monde a perdu, tout le monde se retrouve seul et plein de regrets. Parce que personne n'a su communiquer. Un vrai gâchis. »
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Evan Rosier
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMar 3 Fév - 20:03

N’importe qui d’autre qu’Evan aurait sans doute pu faire un constant rapprochant le conte que Regulus lui racontait là et leur propre situation ; l’un qui se fiançait au nom des conventions, l’autre qui recherchait désespérément son ombre dans les conquêtes sans saveur qu’il trainait dans son lit. Lui qui avait renversé sa vie d’un regard – bon et encore un peu plus, et Evan n’avait pas encore assassiné qui que ce soit, c’était déjà ça. Mais Evan n’était pas à proprement parlé poétique et, lui qui avait écouté de bout en bout en silence, les yeux plongés dans ceux de Regulus, la bouille sérieusement concentrée mais incapable, toujours, de cesser de remuer sa versatilité et glissant au rythme du massage de son ami, se focalisant sur les lèvres de ce dernier comme s’il s’en hypnotisait.
Quant à savoir si c’était à cause des mots qu’elles articulaient ou autre chose, ça.

« C’est.. terriblement moldu. » finit-il par lâcher au bout d’un moment, abandonnant sa réflexion pour mieux rouler des yeux. C’était stupide, oui, Evan le lui accordait ; la littérature regorgeait de choses absurdes et il ne comprendrait décidément jamais pourquoi les auteurs se passionnaient pour des histoires tragiques de ce style.
Un jour, il écrirait un bouquin sur les dragons, et il leur montrerait à tous ce qu’était une plume acérée, réaliste et agréable. Bon, c’était pas demain la veille, il avait encore tout un tas de trucs à vivre avant de s’enfermer entre quatre murs, en tête à tête avec une plume. Quand il serait à la retraite, peut-être. Sans doute. Il avait le temps de voir les choses venir.

« Elle aurait pu s’enfuir avec lui. Ils auraient pu se construire une vie à deux, loin de tout ça. Moi, c’est ce que je ferais. Je t’emporterais avec moi et on ne donnera plus de nouvelles à qui que ce soit ; pour vivre heureux, vivons cachés, ce genre de conneries. » Les mots étaient sortis naturellement et Evan ne semblait même pas réaliser l’aveu qu’il égrenait là, mais il se contenta plutôt de lâcher un soupir d’aise en se bouinant davantage encore contre Regulus, fermant les yeux malgré l’absence de fatigue, feignant l’heure du sommeil lorsqu’il savait pertinemment qu’il passerait la nuit à écouter le souffle calme du brun pour mieux feindre la pleine forme le lendemain matin.

« Tu lis des trucs bizarres, Black. » ronronna-t-il, plus taquin qu’autre chose, frottant son nez contre la peau de son cou, cherchant à accentuer le contact, encore, lorsqu’ils s’entremêlaient déjà plus que de nécessaire. « Heureusement que je suis là pour t’égayer, hein. » Et de brosser son égo dans le sens du poil au passage, mais il eut la décence de ponctuer sa remarque d’un petit pouffement amusé – bien que la blague n’en dissimulait pas moins une vérité à laquelle il croyait dur comme fer.
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMer 4 Fév - 3:17

« Terriblement moldu, oui. » avait opiné doucement Regulus en étendant ses jambes pour faire craquer ses articulations. Tous les livres qu'il avait lu était incroyablement tragiques, pleine de morts et de souffrances, d'amour tragique et de couples défaits. Hamlet, Bérénice, Tristan et Yseult... Tous finissaient mal, tous finissaient douloureusement, tous finissaient fatalement. Les moldus étaient des gens torturés. Il n'était pas certain que les sorciers le soit moins, cependant.

Il avait continué à tracer des figures compliquées sur la peau nue d'Evan, avait espéré que le contact de la chair brûlée de ses doigts ne le dégoûtait en fait pas. Il avait chassé la pensée d'un soupir, avait écouté avec attention ce que lui racontait Evan, abasourdi par tout ce qu'il révélait, par la façon dont, sans même en avoir l'impression, sans doute, il se mettait à nu, mettait tout leur faux-semblants au pied du mur, crus et nus devant leurs yeux. Il y avait eu un battement irrégulier au creux de son torse, un tapotement plus rapide, un trois fois rien pas calculé. Il lui avait embrassé le front, doucement, avait chassé la gravité de sa déclaration d'un rire léger :

« Où est-ce qu'on irait, Evan ? » avait-il interrogé avec un sourire. « La mer, la montage, la campagne ? Un pays étranger ? »

Il plaisantait sans vraiment le faire, terriblement intrigué par le chemin qu'avait emprunté leur conversation. Il aimait rêver à des ailleurs, à des nulle-parts, à des peut-êtres, des certainements. Il aimait rêver à des endroits lointains et mystérieux, loin de ces quatre murs qui formaient sa prison. Il aimait rêver à des futurs où Evan était là, des endroits où ils pourraient se trouver ensemble. Bercé par ces rêveries, il avait fermé les yeux, appuyant doucement ses pouces entre ses omoplates pour dénouer un nœud qu'il sentait à cet endroit-là. Il avait frissonné en sentant le visage d'Evan s'enfouir contre son cou, avait soufflé dans ses cheveux pour le chatouiller.

« J'ai terriblement de la chance, oui. » avait-il soufflé, sans la moindre trace d'ironie, les yeux rivés sur le mur, pensif et somnolent. « Je ne sais pas ce que je ferais, sans toi. »

Il avait laissé planer un instant le silence avant de reprendre : « Je lis ce que je trouve pour m'occuper. C'est un ancien de Poudlard qui me les envoie. » Il avait baillé un peu. « Je n'ai pas vraiment l'occasion de sortir pour me procurer autre chose tu sais. »

Et encore, c'était peu de le dire. D'un geste de l'épaule, il avait fait remonter la couverture plus haut sur eux, créant un cocon de chaleur autour de leurs deux corps emboîtés :

« Raconte-moi une histoire, toi. »
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Evan Rosier
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMer 4 Fév - 4:02

« Un pays étranger. » Evan n’avait pas même réfléchi à l’éventualité, se redressant légèrement alors que son regard sérieux trahissait le fait qu’il y avait déjà réfléchi en amont. Des fois, lorsqu’il divaguait, lorsqu’il s’imaginait l’emmener loin d’ici – l’emmener avec lui à Yell, le dérober à sa prison dorée, faire exploser ses chaînes pour mieux le voir libre, ou pas tout à fait, juste un peu à lui, juste assez pour le contenter. Il récupéra l’un de ses bras et plia le coude pour nicher son menton dans sa main, prenant assez de hauteur pour croiser le regard de Regulus sans pour autant s’éloigner d’un pouce.
« Je t’emmènerais voir les dragons. Je t’apprendrais à voler. Je te ferais danser sur des rythmes inconnus, je te ferais goûter des saveurs exotiques, je t’immergerais dans des lacs si purs que ta propre peau te semblera irréelle. » Il avait continué, emporté par ce rêve un peu fou – et soudainement se fit la promesse de s’exécuter, un jour, pour sûr, car Regulus le méritait et que lui-même le désirait cruellement. Il pencha la tête pour apposer son nez au bout du sien, un sourire attendri aux lèvres, comme s’il scellait là une parole indéfectible, puis revint se caler dans l’oreiller, la passion endormie – mais seulement en hibernation.

« Je ne sais pas ce que je ferais sans toi non plus. » Sa voix faisait écho à celle de son ami, et il sourit de nouveau, étonnamment innocent, transparent comme un livre ouvert et sincère comme il l’était toujours – mais encore un peu plus, cette fois, et s’il hésita à demander de qui il s’agissait il n’osa pas briser l’instant en posant une question stupide. Ravalant le brin de jalousie qui avait serré son estomac, il se promit au contraire de ramener des bouquins encore meilleurs à Regulus la prochaine fois qu’il le visiterait, et au Diable son désamour de la littérature, il pouvait bien faire un effort pour lui et supplanter n’importe quel péquenaud dans l’esprit du Black. Parce qu’Evan ne supportait pas la défaite et que ne pas être numéro un était inacceptable.

« Une histoire ? Je suis nul en histoire. » Il avait ri, un peu, puis s’était concentré, car il ne pouvait rien lui refuser, après tout. Sans compter que Regulus s’assoupissait et que c’était encore là le meilleur moyen que de l’accompagner chez Morphée, même si Evan détestait l’idée d’avoir à abandonner son hôte dans les bras de qui que ce soit d’autre, aussi Dieu romain fut-il.
« Il y avait cet homme ; un chasseur, armé d’un arc et d’un carquois. Il chassait, aveuglément, dans cette forêt inconnue, vierge de la civilisation, suivant le soleil couchant, à la recherche d’une proie – à la recherche d’un intérêt. Alors, il tomba sur cet arbre, majestueux, ancien et magique, et cette nymphe qui habitait ses branches, les cheveux rouges, si rouge – baisée par le feu, songea l’homme, et il en tomba profondément amoureux. Il la supplia : ‘oh, nymphe, épousez-moi’ et la fée, sereine, perchée sur l’arbre, les membres fondus dans le bois, le repoussa – elle hocha la tête, lui répondit : ‘ne vois-tu pas ? je ne peux quitter cet endroit. j’appartiens à la forêt, j’appartiens à cet arbre.’ Alors, le chasseur repartit, dépité. Mais il revint, armé d’un bouquet de fleurs et d’un long manteau vert. Élégant, éperdu, il s’agenouilla devant l’arbre : ‘nymphe, mon cœur tu as capturé, je serais ton mari.’ et elle lui répondit, sereine, qu’elle ne sera jamais à lui – ni maintenant, ni bientôt, ni jamais. ‘ne vois-tu pas ? je ne peux quitter cet endroit. j’appartiens à la forêt, j’appartiens à cet arbre.’ Alors, le chasseur repartit, furieux. Mais il revint, encore, armé d’une hache aiguisée comme un couteau et d’un masque de colère froide. ‘Je prendrais la nymphe aux yeux d’émeraude’ se répétait-il, ‘avec elle j’aurais des enfants et elle sera mon épouse.’ La fée perdit son sourire serein et se mit à sangloter, le suppliant tandis qu’il se persuadait qu’il allait la libérer. Le chasseur leva sa hache et abattit rageusement l’arbre, ignorant la détresse de la fée, ‘maintenant l’arbre n’est plus’ s’extasia-t-il, ‘maintenant tu m’appartiens.’ ‘Ne vois-tu pas ?’ chantonna-t-elle en réponse à travers les sanglots ; ‘je ne peux quitter cet endroit. ne vois-tu pas ? j’appartiens à la forêt, j’appartiens à cet arbre.’ Elle le suivit en dehors de la forêt et s’effondra sur le sol ; ses jambes ne purent la mener que quelques pas d’en dehors du lieu sacré de sa naissance. Elle se fana en une fleur purpurine qui ne fleurirait que pour une ultime nuit ; le chasseur, après tout, ne pouvait arracher à la forêt ce qui n’avait jamais été destiné à partir. »

Evan se tut, étrangement sérieux, le regard intense, et se redressa un peu pour vérifier que Regulus était encore éveillé - précautionneux, presque pudique du conte qu’il venait d’inventer, le murmure berceur et l’intonation chantante.
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Regulus Black
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyVen 6 Fév - 3:13

Il y avait quelque chose de secret dans la façon dont leurs corps se pressaient l'un contre l'autre, quelque chose de doux, de délicat. Ils étaient loin de la moquerie de leur jeu, loin de la violence qui les étreignait parfois. Ils étaient à découvert, à nu, et Regulus n'arrivait pas à détacher ses yeux d'Evan. Il observait son visage, les subtilités de son expression et la teinte carmin de sa bouche. Il observait ses rides d'expressions, les lueurs qui traversaient ses iris, les mèches de cheveux qui caressaient son front. Dans la pénombre de la chambre, il avait tendu la main pour retracer du bout des doigts sa joue, la courbure ferme de sa mâchoire, de son menton. Sa voix le berçait et il s'était aller à songer à ces pays lointains, certain d'y aller si Evan le lui promettait.
C'était simple d'avoir confiance, simple d'y croire, lorsque c'était Rosier qui articulait les idées. Parce que Regulus voulait désespérément y croire, parce qu'il ne voulait pas penser que cela puisse être un mensonge, parce qu'il ne voulait pas songer que cela pouvait être impossible. C'était compliqué, pourtant. Il aurait dû le savoir.

« À voler ? » avait-il quand même taquiner, un sourire épuisé sur les lèvres. « Sur un dragon ? » Il y avait une pointe d'envie dans le fond de ses yeux, une pointe d'aventure, de pourquoi pas. « J'adorerais. On devrait aller là-bas. N'importe où, mais là-bas. »

Il avait les yeux clos, lorsqu'Evan avait commencé à raconter, un bras glissé autour de sa taille, le front posé contre le sien. Il sentait son souffle balayer sa joue, la lente régularité de sa respiration. L'histoire ne lui disait rien et, même si sa connaissance du folklore mondiale était pauvre, il était presque certain qu'Evan inventait, façonnait au fur et à mesure son histoire, comme un architecte, un conteur. Regulus en avait aimé chaque mot, chaque souffle, comme on chérit un présent, un cadeau. À tâtons, il avait saisi sa main dans la sienne, nouant ses doigts au sien avant de ramener leurs mains entre eux. Il avait senti Evan se redresser, lui avait lancé un léger sourire avant de se redresser à son tour pour déposer un baiser sur sa joue, comme enhardi.

« Tu es modeste, pour une fois. » souffla-t-il en se rallongeant. « Tu racontes bien les histoires. »

Il avait les paupières lourdes, le cœur léger, un étrange sentiment de paix qui lui était étranger dans la tête. Il se sentait à sa place, pour une fois, au bon endroit, au bon moment, là où il devait être. Il avait rivé son regard dans celui d'Evan, avait lâché un bâillement. Il avait ramené leurs mains nouées vers lui, avait posé fugacement ses lèvres contre ses phalanges.

« Tu devrais dormir maintenant, tu sais. On devrait dormir tous les deux. » Il avait écarté les bras, doucement. « Viens-là. »

Sans lui laisser vraiment le temps de répliquer, il avait tiré doucement sur sa main pour le ramener vers lui, se nichant contre lui, possessif et envahissant, à la façon d'un enfant bienheureux, les traits relaxés et la respiration régulière.

« Je trouve ça incroyable ce que tu fais avec les dragons. » avait-il lâché, la voix rendu imprécise par le sommeil. « J'aimerais bien avoir un talent comme toi, quelque chose qui me permettrait de quitter cet endroit. » Il s'était frotté le visage de sa main libre, s'était allé à la confidence sans même s'en rendre compte, l'esprit engourdi : « Sirius a de la chance d'avoir pu tout envoyer bouler mais au final il m'a laissé tout seul avec une cage et... » Il avait agité avec amertume ses mains brûlées : « Ça. »

Avec un léger grognement, il s'était pressé plus étroitement contre Evan :

« Je suis fatigué d'être si faible, Evan. Je ne sais pas pourquoi tu restes avec moi. »

Je ne sais pas pourquoi tu t'intéresses à moi.
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Evan Rosier
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyVen 6 Fév - 10:23

« Je suis très modeste. C’est mon second prénom. » ironisa Evan mais qu’importait, puisque de toute façon ils étaient tous deux conscients de l’égocentrisme du concerné et du fait qu’il était le premier amour de sa propre vie. Ou, tout du moins, officiellement, et Evan laissa son ami le manipuler à loisirs, liant ses doigts aux siens, venant contre lui, ronronnant presque son aise.
Regulus n’avait pas bu et pourtant il lui semblait que son ivresse déteignait sur lui, comme si sa propre désinhibition l’incitait à se confier et la bulle d’intimité qu’ils s’étaient formés semblait propice aux secrets. Envoyer valser les faux-semblants, être honnête l’un envers l’autre, totalement, sans dérision, sans devinettes, dans tout ce qu’ils étaient de vulnérables, dans tout ce qu’ils s’aimaient inconditionnellement.

Alors, bien sûr, Evan sentit son cœur se briser sous le poids de la fragilité de Regulus.
Il aurait voulu, vraiment, le protéger toute sa vie durant, l’absorber tout à fait et le conserver en son sein pour toujours mais il ne vaudrait pas mieux que ses parents et même si ses desseins étaient différents il savait, lui, qu’aussi précieux était Regulus, il fallait le laisser découvrir la vie par lui-même, se forger ses propres expériences, le laisser trébucher pour mieux l’observer se relever. C’était douloureux pour Evan, lui qui aimait tout contrôler, lui qui aimait se sentir important – sinon unique – mais il ne pouvait pas lui faire ça, pas à Reg, jamais.

« Arrête – dis pas des conneries pareilles. » répondit-il doucement, faisant glisser ses lèvres le long du cou du brun pour venir les apposer sur sa joue, juste à l’embrassure de ses lèvres, et y murmurer sa litanie. « Tu es plus talentueux que qui que ce soit, à mes yeux – et tu sais pourquoi ? Parce que je suis là. Parce que tu me fais rire, parce que tu es patient avec moi, parce que tu m’acceptes entièrement malgré que je sois insupportable, que je sois un petit con. Alors, oui, je ne suis pas Sirius – je ne serais jamais Sirius – ni tes parents, ni tout ceux qui ont plus d’importance que moi et de qui tu cherches la reconnaissance, mais je te ferais sortir de cet endroit, je te le promets, dois-je y perdre tout ce qui compte à mes yeux. » Il serra un peu plus ses mains, les amenèrent contre sa propre joue, y frotta sa peau immaculée. « Tout, sauf toi, et tes mains parfaites, et je n’échangerais ça pour rien au Monde. »

Il ne mentait pas – non, plutôt mourir que de mentir à Regulus lorsqu’il était dans un tel état, mais pourtant Evan ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu coupable, au milieu de tout ça. Le poids du secret enserra sa gorge une seconde, puis comme si tout devenait trop lourd à porter, il prit une profonde inspiration tressautante, bascula sur ses poignets, se positionna au-dessus de Regulus pour mieux plonger les yeux dans les siens.
Jamais n’avait-il paru aussi honnête, jamais ses yeux n’avaient brillés avec pareille intensité et jamais, Ô grand jamais ne s’était-il permis de laisser sa tristesse effacer ses sourires avec autant de facilité.

« Reg. » Il approcha davantage son visage, apposa son front contre le sien, ferma les paupières. « Je vais partir.. quelque temps. Pas très loin, un peu plus au Nord, pas longtemps, je crois. Je voulais.. je voulais te le dire, je ne savais pas comment, et le temps passe atrocement vite et je ne sais plus quoi faire pour que tu cesses de me manquer – je veux t’emmener avec moi mais je ne peux pas, je ne sais que je ne peux pas, et je t’écrirai tous les jours, et je resterai avec toi malgré la distance, alors s’il te plaît, s’il te plaît – attend-moi. »
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Regulus Black
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Regulus Black
Chocogrenouille
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyMer 11 Fév - 20:04

Ils n'ont pas plus d'importance que toi, avait envie de dire Regulus, sans pouvoir l'avouer. C'était vrai, c'était brut, c'était sans concession mais c'était trop intime, trop précieux, trop particulier, plus encore que les lèvres d'Evan contre sa peau, plus encore que le soupir tremblant qu'il avait lâché. Ils n'ont pas plus d'importance que toi, voulait-il lui hurler, retenir ses mains, le retenir tout entier. Il n'osait pas même le murmurer. Sans vouloir lui mentir, il ne pouvait pas l'assumer. L'assumer, c'était être au pied du mur, devoir faire face à bien trop de chose, accorder à Evan l'importance qui lui revenait de droit sans qu'il ne puisse l'admettre. Il ne pouvait pas se mettre de cordes au poignet alors qu'il luttait si fort pour se libérer, ne pouvait permettre à une autre personne de prendre tant d'espace dans sa vie alors qu'il peinait à se faire une place à lui. C'était déjà fait, pourtant, et il le savait très bien. C'était juste tellement plus simple de se mentir que d'espérer en vain.

Il y avait une boule au fond de sa gorge lorsqu'il avait saisi ses mains, un poids immense au fond de son être lorsqu'il avait pressé ses doigts contre sa peau, avide et frissonnant, saisi par le solennel d'Evan, le sérieux de la situation. Il était à deux doigts de répondre lorsqu'Evan avait basculé sur lui et, l'espace d'un instant, Regulus avait retenu sa respiration, comme dans l'attente d'un baiser.

Le souffle l'avait quitté pour une autre raison.

Il avait senti le coup comme un poing dans l'estomac, la sensation meurtrière de se voir retirer quelque chose que l'on a pas le droit de retenir en premier lieu. Il avait senti chaque muscles de son corps se contracter et ses yeux, grands ouverts, qui fixaient Evan comme pour chercher dans les lignes de son visage la trace fugace du moindre mensonge, de la moindre hésitation. Il avait cherché quelque chose qui poserait cela en une blague cruelle, quelque chose qui empêcherait son cœur de se lacérer, quelque chose qui ferait redémarrer ses poumons. Il n'y avait rien. Il n'y avait plus qu'Evan, ses regrets, son visage trop proche et ses yeux clos.

Regulus n'avait jamais eu tant envie de pleurer.

Il avait envie de le repousser, de plaquer ses mains contre son torse pour l'écarter au loin, le détester et le haïr, lui en vouloir de partir, de le laisser lui aussi, après avoir dit tout ça, après avoir promis tout ça. Il aurait dû savoir que les relations ne menaient qu'à la déception, qu'il allait forcément s'éloigner, le laisser, ne plus jamais se retourner. Il aurait dû le savoir. C'est ce que tout le monde faisait, c'était comme ça que le monde fonctionnait, comme ça que tout s'imbriquait. Evan partait, il restait là. Fin de l'histoire. Ce n'était pas dramatique, il aurait dû le prévoir. Tout allait bien. Tout irait bien.
Tout irait mieux s'il n'avait pas commencer à paniquer. Il avait senti le tremblement profondément dans ses articulations, avait senti son souffle revenir pour repartir aussi sec. Nerveux, il s'était extirpé de son étreinte pour s'asseoir sur le bord du lit, plaquant ses mains sur son visage dans une malheureuse tentative de reprendre contenance. Il ne fallait pas qu'il cède. Il fallait qu'il fasse avec, comme il avait toujours fait, qu'il suive le courant, qu'il ne soit pas égoïste. Il n'avait aucun droit sur Evan, rien qu'il ne puisse clamer sien. Il pouvait partir, ne plus jamais revenir et ne pas avoir de compte à rendre. C'était comme ça que ça fonctionnait.

Lentement, Regulus avait fait glisser ses mains sur sa nuque pour nouer ses doigts dessus dans l'espoir que le froid ne l'arrache à la torpeur qui se glissait.
Il s'était humecté les lèvres, avait senti, rien qu'un peu, sa gorge se desserrer :

« Je suis content pour toi. » avait-il répondu, et s'il restait un peu tremblant, il avait réussi à adopter le parfait ton des Black. « Vraiment, content pour toi. »

C'était faux, il le savait, savait aussi qu'Evan pourrait le lire comme un livre ouvert dans les lignes tremblantes de son dos, dans la faiblesse serrée de sa voix. Il espérait qu'il ne le relève pas.

« Qu'est-ce que tu pars faire, alors ? Je suis certain que ça va beaucoup t'apporter. » avait-il murmuré avec un intérêt lointain et poli, comme l'on parle à une vague connaissance dans une soirée de gala. Il y avait eu la douleur de la plaie à vif dans son torse et il avait fermé les yeux, appuyant ses coudes sur ses genoux pour mieux enfouir son visage dans ses mains.

« Ne me parle pas de m'emmener. Je t'interdis de le faire. Ne fais pas de promesse que tu ne peux pas tenir. Ne me tiens pas de discours trop grand pour toi, pour nous, ne me fais pas ça. Ne prends pas le rôle du vaillant chevalier qui part au loin mais viendra me secourir. » Il avait crispé ses doigts dans ses cheveux : « Je suis assez grand pour me sauver seul. Et tu n'es pas assez fort pour me promettre de m'arracher d'ici. »

D'un geste brusque, il s'était redressé :

« C'est moi qui ai besoin d'un verre, maintenant. Endors-toi, en attendant. »
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Evan Rosier
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyJeu 12 Fév - 4:25

Ç’aurait pu être un carnage. Un véritable gâchis. Une saboterie minutieuse et la sobriété l’aurait incité à regarder Regulus partir, à se relever, à s’habiller et à partir pour ne plus jamais revenir – ou pas avant longtemps. Tout aurait pu se terminer, ici et maintenant, sans autre forme de procès, parce que sa fierté lui aurait interdit de supporter les mots que le Black incrustaient au fer rouge dans ses sentiments fragiles, parce que son ego ne tolérait pas l’humiliation que Regulus lui infligeait.
Mais l’alcool perturbait toujours ses sens et si l’idée lui traversa l’esprit Evan se redressa sur le lit, attrapa le bras de Regulus, le ramena vers lui pour le plaquer contre le matelas, les doigts cerclant les poignets de son vis-à-vis pour l’empêcher de lui échapper.

Arrête, avait-il envie de lui hurler et une colère immuable brûlait son regard clair tandis que sa force, sans doute, blessait le corps tremblant qu’il surplombait. Arrête, avait-il envie de supplier, la peine au bord des lèvres, la douleur lacérant toutes les parcelles de son cœur, de son esprit, de l’amour qu’il lui portait, de l’affection qu’il avait l’impression de se faire arracher. Arrête, avait-il envie de pleurer, parce que je t’emmènerais, je t’emmènerais là-bas et plus loin encore, je te promets cela et tant de choses encore, parce que je les tuerais tous si tu me le demandais, je suis assez fort pour ça et davantage, je suis prêt à tout pour toi, alors arrête, je t’en supplie, arrête.

Regulus lui avait arraché sa proximité et Evan avait cru mourir de froid – et Regulus ne pouvait rien lui interdire, peu importe l’obstination qu’il mettait à leur faire croire le contraire, pas même son propre corps, encore moins son propre corps. C’était démesuré, l’amour qu’il lui portait, cette envie pressante de passer sa vie à ses côtés, l’insistance qu’avaient ses yeux bleus à rechercher machinalement ses galbes à travers une pièce remplie de gens tellement, tellement moins importants que lui. C’était maladif, le manque qu’il ressentait durant son absence, la panique qui l’emplissait lorsqu’il ne savait pas où il était, ce qu’il faisait, avec qui ; et la jalousie, mordante, dévorante, délétère, le besoin de cogner jusqu’à s’en faire saigner, la nécessité de détruire quelque chose pour se calmer et ne pas réussir, ne jamais réussir.
Jusqu’au moment, enfin, où il se retrouve entre ses bras.
Jusqu’au moment, enfin, où il se retrouve tout à fait à sa place.

Si Regulus tenta de dire quoi que ce soit, Evan en était sourd. En vérité, ses oreilles bourdonnaient d’une fureur sans nom et, machinalement, il montra les crocs dans un rictus de souffrance intense alors que son visage se brisait sous l’impuissance.
Bien sûr qu’il aurait pu rester, bien sûr qu’il ne serait jamais parti si seulement Regulus le lui avait demandé.
Mais Regulus ne lui demanderait jamais. Il se revêtirait de son masque habituel, lui souhaiterait bonne chance, lui dirait sans doute ‘à la prochaine, Rosier.’

Alors Evan plongea son visage dans son cou et le mordit au sang, possessif, meurtrier, affamé alors que ses mains, enfin, relâchaient les poignets prisonniers pour les glisser sous la chemise de Regulus, accentuer le contact, le toucher jusqu’à ce que mort s’ensuive s’il le fallait. Imprimer sa peau sur ses dermatoglyphes, respirer son odeur pour inhiber son odorat, goûter son épiderme, son parfum, ses fluides vitaux ; le posséder tout entier, s’imposer et prendre toute la place possible, ne rien laisser à ceux qui tenteraient de le remplacer sinon la promesse brûlante de la vengeance qui l’animait déjà à l’alternative.
Regulus était à lui, Regulus était sien, Regulus lui appartenait : ce n’était pas négociable.
C’était une évidence.
Et ses mains saisirent les hanches du brun pour les apposer contre les siennes, mimant sa possessivité, vibrant du mensonge désespéré dont il tentait de persuader Regulus autant que lui-même.

Qu’il ne lui interdisse rien, plus jamais ; car Evan prenait, et ce n’était pas négociable, et ce n’était pas révocable.
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Regulus Black
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyJeu 12 Fév - 5:22

Il s'était abattu sur le matelas comme une pierre dans une vitre, le corps dur et des éclats plein le cœur.

C'était la violence, plus que la douleur, qui l'avait surpris. C'était la violence qui l'avait cloué sur place, avait fait tanguer toutes ses pensées, avait fait valser tous ses projets. C'était la violence qui prenait, qui volait, qui s'accaparait, encore et encore, toujours un peu plus. Regulus aurait voulu crier, Regulus aurait voulu pleurer, lui griffer la peau, le repousser, le rejeter au loin, faire naître une douleur jumelle dans les tréfonds de son âme. Regulus n'avait pas pu le faire. Il avait senti le sang couler contre sa peau, avait senti sa bouche, son corps, sa peau, ses mains sur son torse. Il s'était cambré pour en réclamer plus, avec un cri de douleur étranglé, s'était cambré pour passer ses mains dans sa nuque, l'attirer plus près. Ils avaient l'instinct des plaies à vifs, des doigts qui s'enfoncent dans les chairs suppliciées, ils avaient l'instinct de la décadence et du sang coagulé, des gémissements de souffrances et des halètements de plaisir.

Regulus avait la sensation de sombrer, écartelé sous le poids d'Evan, le sang contre sa peau, ses mains contre ses hanches. Il se sentait aimé par une explosion nucléaire, balayé par un souffle trop violent pour être dompté. Sa gorge s'était fendue d'un hoquet de plaisir et il avait cherché de tout son corps le contact des mains volatiles qui l'enlevaient. Embrasse-moi, embrasse-moi, embrasse-moi, respirait Regulus comme une litanie. Fais-moi tien, tien, tien, chantait chacun de ses souffles alors qu'il se tordait pour l'attraper, pour l'attirer plus près, incapable de le lâcher malgré tout, vaincu par les tiraillements qui torturaient son corps.

Il se sentait fébrile, intimidé, agressé, presque, dans ce corps-à-corps qu'il désirait tant mais qui tournait en guerre, en bataille anarchique à qui ruinera l'autre, à qui vaincra son prochain. Il ne voulait pas être vaincu. Il ne voulait pas que tout ne soit qu'une bataille. Il voulait qu'Evan soit à lui, absolument et irrémédiablement, qu'il n'y ait pas de question posée, personne pour interférer. Il voulait Evan tout entier, ses mains et sa langue, le bassin qui se pressait contre le sien et les dents qui avaient percé sa peau. Il le voulait à s'en faire mal, à faire exploser ses côtes, à faire imploser son cœur. Il le voulait comme on veut une étoile filante, l'âme pleine de vœux et les mains brûlées, les ongles enfoncées dans le cœur brûlant d'un être de passage. Il aurait voulu pouvoir l'acheter, le posséder, ne jamais le lâcher.

D'un geste, il s'était redressé pour aller plaquer sa bouche contre son cou, avait collé ses lèvres contre sa jugulaire, pour mieux sentir le sang qui battait, la vie qui coulait. Il n'avait pas mordu, il n'était pas comme ça, sa violence était bien trop lissée, bien trop discrète. C'était une violence ordinaire, une violence de tous les jours, la Bête du quelconque et il avait sucé sa peau jusqu'à la laisser bleue, pour crier au monde qu'Evan était à lui, pour crier au monde qu'il existait, pour hurler à la face de la planète toute entière qu'il tuerait quiconque poserait un doigt sur lui. Ses doigts tremblants avaient cherché les vêtements d'Evan pour les lui ôter, des gestes maladroits et imprécis, un fouillis artistique de froissements de tissus.

Il se sentait fiévreux et affamée, victime d'une faim qu'il ne pourrait jamais apaiser. Il y avait cette fosse au fin fond de son estomac, cette odeur de sexe et de sang qui tapissait la pièce et l'envie, l'envie, l'envie toujours qui l'animait, le besoin de ne pas être seul, le besoin d'être touché, le besoin de l'avoir à lui. Avec un hoquet désespéré, il avait embrassé sa clavicule, avait cherché chaque parcelle de peau pour y poser sa bouche. Il avait gémi son prénom contre son oreille, pour lui dire que tout allait bien, pour lui dire qu'ils étaient là, que c'était vrai, qu'il était à lui, qu'il lui appartenait, pour lui dire pardon, aussi, pardon d'avoir poussé, d'avoir appuyé sur les boutons, pardon d'être aussi désespéré, pardon d'avoir besoin de ta possessivité.

« Je t'attendrais toujours » avait-il soufflé en un frisson avant d'ajouter, en un sanglot ténu : « Laisse-moi être à toi. »
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Evan Rosier
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MessageSujet: Re: [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir.   [ Passé ] Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir. EmptyJeu 12 Fév - 22:14

Il avait les lèvres barbouillées de carmin et chaque baiser qu’il déposait, dans son cou, sur ses épaules, sur sa clavicule, sur le bras qui l’encerclait étaient comme tant de marques qu’il laissait là dans l’espoir insensé de les graver à tout jamais dans le pâle épiderme qu’il souillait là.
Evan ne réfléchissait pas ; Evan ne réfléchissait plus et il n’y avait plus que Regulus, Regulus et sa fébrilité maladroite, Regulus et leurs mains baladeuses – comme elles le furent tant et tant de fois sans jamais, pourtant, avoir cette saveur d’indécence exacerbée – Regulus et son souffle erratique, et le murmure qu’il glissa à son oreille et Evan se sentit frissonner, étouffant un spasme dans un grognement aussi sauvage qu’impatient où s’invita son excitation la plus confuse.
Il n’avait jamais ressenti ça ; jamais, jamais, c’était la vérité vraie, et il avait déshabillé Reg sans même avoir à le décider, et il avait laissé son corps nu allait contre le sien, mué d’une faim insatiable, accentuant le contact – et c’était mieux, tellement mieux que ce qu’il avait jamais pu connaître sa misérable vie.

L’invitation était trop belle et son besoin était trop pressant, l’incitant au silence et berçant ses tempes d’un rythme sur lequel il calquait, inconsciemment, les soupirs et gémissements que Regulus lui arrachaient méthodiquement. L’invitation était trop belle et alors qu’il haletait encore l’hématome qui brûlait là, quelque part non loin de son épaule, Evan s’était secoué d’un élan animal, remontant les galbes de Regulus, s’attardant sur la blessure pour y goûter le sang du bout de la langue pour mieux le surplomber à nouveau, proche, si proche, les lèvres entrouvertes du baiser qu’il s’apprêtait à lui voler, parce qu’il le voulait, bon Dieu, et que s’il ne l’embrassait pas, là, tout de suite, sans doute en crèverait-il.

Mais un éclair douloureux stria ses pupilles claires et il hésita, une seconde, à travers les ivresses qui l’embrumaient.
Il était encore trop immature. Il était encore trop débile. Il était encore trop jaloux et trop blessé, alors ses lèvres s’apposèrent sur le menton de Regulus et il ne brisa pas le contact visuel, pas une seule seconde, fiévreux des émotions qu’ils se passaient l’un l’autre sans jamais s’en lasser.
La frustration l’étouffa et il eut envie de se maudire, de maudire Regulus, d’oublier l’instant pour mieux se laisser submerger par sa possessivité maladive ; mais il s’exprima autrement, plus impulsivement, comme toujours, et il se mua de nouveau, glissant le long de la jugulaire dans d’innombrables baisers humides. Cela n’avait rien de romantique, cela n’avait rien de tendre ; c’était carnassier, c’était exigeant, et pourtant Evan transparaissait la sincérité, tremblant des alternatives, brûlant des possibilités.

Et il avait incroyablement chaud. Ses mains n’avaient cessé une seule seconde de saisir, griffer, caresser, relâcher pour mieux revenir à l’attache, les joignant pour mieux les faire frémir, les séparant pour mieux les faire se retrouver. Evan dictait là la domination qu’il semait dans tout ce qu’il faisait sans pouvoir, pourtant, tout à fait guider Regulus, le laissait lui répondre, le laissant le marquer à son tour, le laissant se jouer de lui – et le jeu en valait la chandelle, infiniment, et il n’était plus question de partir, d’être à quelqu’un d’autre, d’oublier ou de se soucier du futur. C’était là, juste là, tout ce qu’il avait toujours voulu, ce pourquoi il avait attendu, la raison pour laquelle il avait pour une fois, une unique su être patient.
Si tout ce qui brillait n’était pas d’or, Regulus l’éblouissait assez pour symboliser la richesse qu’il avait toujours voulu être sienne.

Et il desserra l’emprise de ses doigts de leur symbiose pour mieux descendre, encore, encore, et le délice le rendait fou ; mais Regulus était à lui, il le savait, il l’avait entendu, il l’avait toujours senti quelque part en lui, alors il s’emparerait de tout, sans concessions, et le Monde pouvait bien se déchirer tant que rien ne brise jamais, Ô grand jamais l’union parfaite qu’ils se bataillaient là.
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