[ Ninja ; /!\ ] Spade, club, what the heck ; whichever I pick you'll be sucking my deck.

Evan lui avait demandé s'il lui faisait confiance et Regulus avait ri, très sincèrement, abasourdi par la question. Evan pourrait l'emmener aux Enfers qu'il le suivrait en fermant les yeux. Il n'aurait même pas envisagé de refuser. Il n'aurait même pas pensé à le faire. Il avait hoché de la tête doucement pour donner son accord et avait appuyé son dos contre le miroir tout en le fixant avec un petit sourire :

« Vas-y. » Il s'était frotté la nuque avant d'éclater de rire : « J'ai l'impression d'être dans un de ces bouquins pour ado, sérieusement. Tu m'aideras à fermer la robe ? Il y a deux boutons dans le dos. »

Son sourire s'était fait plus taquin alors que, sans le lâcher des yeux, il s'étirait de tout son long, un peu lascivement, les bras levés au-dessus de sa tête et la poitrine tendue vers lui :

« Ça aura été un sacré voyage, hein... »

« En effet. » avait articulé Evan, les yeux obstinément plongés dans ceux de Regulus, refrénant l'envie pressante de céder à l'image que sa vision périphérique lui offrait.
C'était une facette du Black nouvelle, qui n'était pas réellement sans lui déplaire, mais qui savait du reste le prendre au dépourvu ; Evan était du genre à suivre ses pulsions, à réagir au quart de tour, à prendre ce qu'il voulait sans laisser d'alternative.

D'un mouvement de poignet, il exécuta un sortilège informulé, la baguette pointée vers le corps de la jeune femme, avant de ranger celle-ci dans sa poche arrière après quelques secondes. Puis, sans jamais rompre le contact visuel, il se rapprocha et se pencha nonchalamment en avant, glissant ses mains dans celles de Regulus pour le bloquer dans la position qu'il avait lui-même prise, se décidant enfin à esquisser ce petit sourire mutin qui lui chatouillait les lèvres depuis quelques temps.
« Je t'aiderais ; si j'ai quelque chose à y gagner. Je ne fais jamais rien gratuitement, Reg, tu devrais le savoir. »

Les mains emprisonnées au-dessus de sa tête, Regulus avait ri. Oh, il avait confiance que si n'importe qui d'autre avait fait ça, il aurait paniqué. Oh, il savait parfaitement qu'il aurait eu peur, même, une peur viscérale et animale, qu'il se serait tordu pour lui échapper.
Mais pas avec Evan. Il s'était humecté les lèvres, songeur, avant d'envoyer un clin d'oeil à Evan, cambrant le dos pour se coller à lui, le regard planté dans le sien avec un rien de provocation, un rien de désir, un rien de dérision. Il savait qu'il était peut-être ridicule, savait qu'il était peut-être risible, s'en moquait pas mal. Il y avait une certaine ivresse qui courrait dans ses veines et ce n'était pas dû à l'alcool.

« Eh bien, tu auras le droit de les défaire ensuite. » avait-il soufflé d'un ton qui se voulait léger, malgré la flamme qui brûlait dans ses yeux. « D'enlever cette robe, de m'allonger sur le lit de cette chambre que nous avons loué et de profiter de toute ma personne à loisir... »

Il avait haussé une épaule, avait penché légèrement la tête, les joues rouges :

« Entre autres choses. Tout ça pour deux boutons, te voilà gagnant. »

Le petit con.
Certes, Evan aurait penser à des tas d'autres trucs ; à la chaleur qui commençait à le parcourir, au désir presque instantané que Regulus avait fait naître en lui à cette simple phrase, à l'étroitesse très soudaine de son pantalon, à la flamme particulière qui animait le regard de la jeune femme.
Oh, bien sûr, il y pensait également. Mais surtout, petit con de Black qui le connaissait sans doute trop bien.

« Deal. » Puis il s'était penché pour l'embrasser, de but en blanc, ravalant son impatience pour mieux rentrer dans son jeu. Sa main dextre avait libéré le poignet de Regulus pour longer son épaule, son omoplate, la courbe de ses seins - et se retirer ensuite tandis qu'Evan se détachait, attrapant la robe accrochée à un cintre pour mieux la lui tendre. « Enfile, si tu veux que je sois capable d'attendre qu'on rentre à l'hôtel. »

S'il avait été pris par surprise, Regulus ne lui en avait pas moins rendu son baiser avec au moins au temps d'intensité, excité plus qu'il ne souhaitait l'admettre par la situation. Il s'était frotté les poignets, lorsqu'Evan l'avait lâché, avant d'enfiler la robe sans protester. D'un geste de la main, il avait ramené ses cheveux sur sa nuque avant de se tourner pour lancer un regard interrogateur au miroir et laisser à son ami le temps d'attacher les boutons. Le résultat, somme toute, était déroutant mais satisfaisant et il peinait à se retrouver, comme face à face avec une inconnue, une étrangère, quelqu'un avec qui il devrait cohabiter. Subitement anxieux, il avait secoué la tête afin de ne pas ruiner la légèreté du moment :

« Verdict, alors ? » avait-il demandé en lançant un regard par-dessus son épaule, en direction d'Evan : « Je suppose que ça rendrait mieux avec un soutien-gorge mais, en attendant... »

Non pas qu'il sache quoi que ce soit de l'utilité d'un soutien-gorge, il émettait juste une hypothèse. Le sourire taquin, il avait chassé le regard d'Evan dans le miroir :

« Je ne sais pas si j'ai envie que tu attendes, cela dit. »

Evan n'avait pas répondu ; s'il avait cherché les mots pendant quelques secondes, se demandant honnêtement si répondre 'désirable' retranscrirait de manière plus décente le fait qu'il le trouvait carrément bandant, Regulus l'avait stoppé dans sa réflexion en multipliant les provocations.
Il le cherchait ; et Evan n'était pas très difficile à trouver, surtout lorsqu'il s'agissait du Black.
Il aurait voulu - oh, des tas de choses, en outre ; il aurait voulu lui retourner son sourire mutin, il aurait voulu le torturer un peu, se jouer de son innocence imp(r)udente, le défier de prendre son mal en patience, aussi, pour mieux passer la soirée à faire monter la frustration.
Son impatience, au demeurant, ne fut pas du même avis.

Avant même qu'il ne le réalise, sa main senestre s'était posée sur le miroir par-dessus l'épaule de Regulus tandis que la dextre s'emparait de la hanche de ce dernier, le ramenant à lui, l'incitant à se pencher pour mieux déposer ses lèvres sur sa nuque, mordillant là le désir brûlant qu'il réveillait en lui alors que, déjà, ses doigts cherchaient à faire remonter le tissu purpurin.
Parfois, il le détestait.
« Parfois, je te déteste. » Et sa voix rauque roulait une envie intarissable qui se jouait de sa sanité. « Tu ne devrais pas jouer à ça, Reg. Pas avec moi. »

Tout était rentré dans l'ordre lorsque ses mains s'étaient posées sur lui. Il avait frissonné de tout son long en sentant sa bouche, s'était appuyé contre le miroir pour coller son front dessus, la respiration courte et des frissons plein la colonne vertébrale. Chacun de ses souffles murmurait embrasse-moi, chacun de ses tremblements haletait caresse-moi. Il avait fermé fort les yeux, avait arrondi le dos pour mieux se presser contre lui, les fesses contre son bassin, le rouge monté aux joues. Un gémissement au bord de la bouche, il avait enfoui son visage contre ses mains :

« S'il te plaît, ne me déteste pas. » avait-il murmuré, sans aucun sens, les cuisses nues et frémissantes. « Il y a trop de gens qui me haïssent déjà pour que tu le fasses aussi. »

Sa poitrine s'était gonflée d'une respiration acérée et il s'était retourné pour l'embrasser, avec un rien de fureur, un rien de frustration, un rien d'envie, d'avidité, de possessivité. Il ne jouait pas, pas vraiment, plus vraiment, il essayait d'être normal, essayait de faire ce qu'il avait envie de faire. Et son seul désir était d'agripper Evan, et son seul désir était de ne jamais le quitter.

« Je ne joue pas. » avait-il soufflé comme il l'avait déjà dit avant. Il avait pressé un baiser contre sa mâchoire, l'avait tiré vers lui, plus près : « Je ne joue pas du tout. Touche-moi. »

Ça avait toujours été quelque part, dans un coin de sa tête ; comme une chose naturelle qui avait lieu d’être, qui ne pouvait être autrement – et pourtant s’ils s’étaient maintes fois découverts jamais Evan ne s’était laissé emporter aussi loin.
Ce n’était pas réellement explicable, ou tout du moins avouable mais s’il avait pris conscience de son attirance obsessionnelle pour le brun il y avait bien longtemps, il y avait toujours eu quelque chose pour le stopper dans ses élans, quelque chose qui réfrénait ses ardeurs pourtant insatiables.
S’il prenait le temps d’y réfléchir, Evan le Don Juan, Evan l’amateur de courbes féminines, Evan l’adorateur de robes moulantes aurait sûrement fait le lien avec le sortilège qui transformait actuellement Regulus ; mais Evan était bien trop concentré sur autre chose pour cela, et c’était sans doute tant mieux.

« Qu’ils aillent se faire foutre. Je t’aime bien assez pour qu’ils aient de l’importance. » souffla-t-il en retour, l’embrassant à nouveau, pressant et pressé, semblant ne jamais pouvoir se lasser de ce nouveau jeu – et ses mains d’obéir, remontant les hanches de la jeune femme en emportant le tissu avec lui, découvrant la peau nue pour mieux la dévorer de ses yeux avides. Ses doigts effleurèrent la poitrine, ni timide ni pudique mais délicat ; tendre et soucieux de le découvrir à son rythme, quoique sous toutes les coutures, et à cette alternative il perdit ses lèvres dans son cou, y traçant les marques qu’il avait l’habitude d’y laisser, semant sa possessivité pour mieux appuyer son appartenance exclusive.

Touche-moi, touche-moi, touche-moi, ça résonnait quelque part au creux de ses tempes, quelque part au creux de son ventre. Touche-moi, touche-moi, touche-moi, ça suppliait, ça hoquetait, ça priait. Il était les vœux chastes sur les lèvres rouges de la passion, les litanies pieuses dans la moiteur du désir. Il avait crispé ses doigts sur les épaules d'Evan lorsqu'il avait senti ses mains sur sa peau, avait senti le besoin, violent, submerger son corps. Il se sentait comme en apnée, le souffle coupé, les yeux ouverts sur une infinité de possibilité dissimulées sous la surface de leurs convenances.

Il prêtait une attention virevoltante à la conversation, voguait sans cesse entre ses doigts et ses mots, sa bouche contre la sienne, sa voix dans son oreille. Il ne savait jamais très bien où il se situait, si c'était la sincérité qui parlait, si c'était le jeu, si c'était quelque chose au milieu, et le je t'aime semblait étrange, bizarre, comme cru, entre eux, un morceau à vif, arraché de la phrase dans laquelle il vivait, comme si le contexte n'importait pas, comme si le contexte n'était pas la clé. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, et les yeux de Regulus qui s'écarquillent, lorsque la bouche plonge dans son cou, ses doigts qui s'agrippent aux cheveux blonds pour mieux le retenir là où il se trouvait.

Il devait s'appeler Chaos, à ce moment-là. Pas Regulus, ou Regina, pas Être Humain, Sorcier, ou peu importait. Il devait s'appelait Chaos, parce que c'était la seule chose qui existait et, sans y penser, au milieu de la tempête, il avait passé sa main libre sous les vêtements d'Evan, avait cherché sa ceinture, les doigts tremblants.

« Tu m'aimes ? » avait-il interrogé d'une voix tremblante, dissimulant l'importance de la question par la séduction latente de son ton. « Les autres n'ont jamais importé. »

Il fallait qu’il lui appartienne ; là, tout de suite, sans autre forme de procès. Evan s’était laissé porté jusqu’ici sans trop réfléchir et ses doigts trahissaient son intérêt à force de découverte, mais ça devenait plus instinctif, plus sauvage – s’il avait encore eu des doutes, il savait désormais qu’il allait le prendre dans cette cabine et le Monde pouvait bien s’écrouler plus rien ne pourrait lui faire changer d’avis. À part la jeune femme elle-même, mais elle fut la première à le faire définitivement perdre pied en s’attaquant à la boucle de sa ceinture et à lui parler de cette voix suave. Évidemment qu’il voulait l’entendre gémir, le supplier, crier son nom, même ; tout à la fois, et l’alternative le rendait plus fébrile encore.

« Bien sûr que je t’aime. » Il avait répondu d’une voix rauque, étrangement maîtrisée malgré son état transcendé, redressant son visage pour l’embrasser ; ses mains cessèrent d’explorer la poitrine de Regulus et sa dextre s’égara alors plus bas, passant outre la barrière du sous-vêtement, aventureuse et impudique – mais terriblement érotique, car il ne voulait pas presser les choses, il ne voulait pas sauter les étapes, il voulait découvrir peu à peu, le sentir vibrer contre lui, dévorer ses réactions, réagir en conséquence.

« Merde, Reg, tu me rends dingue. » Il avait pressé le murmure contre ses lèvres, ambigu ; parlait-il de la situation actuelle ou rebondissait-il sur sa question précédente ? Sinon un mélange des deux, mais Evan ne précisa pas sa pensée, plongeant ses yeux parasités d’un trouble passionné dans ceux de Regulus ; 'et toi, m'aimes-tu ?'