Lettres choisies.
Première année.« Maman,
Je déteste Poudlard, je ne comprends pas pourquoi je dois y aller.
Les gens sont bêtes, le train est nul, on m'a posé un chapeau sur la tête et maintenant je suis un blaireau et ça n'a aucun sens, je me suis toujours senti l'âme d'un chat. Je veux rentrer. Ici, c'est l'enfer.
Si ça continue je vais taper quelqu'un.
Dis à Papa que c'est un traître, je sais qu'il est parti à la pêche sans moi.
Je vous aime. »
« Papa,
Je suis désolée si je vous ai inquiété mais c'est un fait : c'est nul. Vous vous n'en savez rien, personne de la famille n'est jamais venu ici. Mais ce château est dangereux, le directeur est barge, les escaliers tournent et y a un espèce de putain de fantôme qui joue des farces.
Des farces pas drôles, évidemment. Lui si je l'attrape je lui balance du sel à la tête.
Ma maison ? C'est Poufsouffle. Les blaireaux, comme je te disais.
Et oui, j'ai eu cours. Et c'était nul. Sauf les potions. Ça c'est cool. J'aime ça.
Par contre si jamais on exige que je remonte sur un balai je hurle. »
« Papa,
Non je ne me suis pas fait d'amis.
Je les aime pas. »
« Papa,
Oui j'y penserais. Maintenant va dormir, Maman vient de m'envoyer une lettre pour me dire que tu la dérangeais et qu'elle allait demander le divorce. »
« Papa,
C'était une blague, vous n'avez qu'une chouette, comme veux-tu qu'elle me contacte VUE QUE TU LA MONOPOLISES ? Mais va dormir quand même il est tard et je peux pas me coucher à cause de toi. »
Quatrième année.« Papa,
J'ai entendu parler de ce qui s'était passé dans le Bogside. Maman m'a dit que tu devais y aller.
Papa, réponds-moi, s'il te plaît. »
« Papa ?
Ça fait deux jours. Tu dois me répondre. Je n'arrive pas à me procurer le journal.
Réponds-moi. »
« Papa,
Je vais fuguer, si tu continues.
Je veux rentrer à la maison. »
« Papa,
Dis-moi que tout va bien. »
« Maman,
Aujourd'hui j'ai cassé le nez à quelqu'un qui a parlé de papa et de Daiki. Il a dit qu'ils l'avaient bien mérité.
Est-ce que tu penses que la douleur va partir ?
Je sais que tu ne veux pas que je rentre à la maison pour les vacances, mais j'ai besoin de vous voir. Je n'ai plus de père, un de mes frère a disparu, je ne veux pas rester seule ici. »
« Maman,
J'ai lu que Daiki était soupçonné d'être membre de l'IRA, qu'il était soupçonné d'avoir sauté sur sa propre bombe.
Est-ce que c'est vrai ? »
« Maman,
Je déteste tous les gens ici. »
Cinquième année.« Mao,
Dis à Noboru et Rei d'arrêter de maltraiter cette pauvre chouette, elle n'arrête pas de me mordre. C'est de leur faute, j'en suis certaine.
Des copines ont vu une photo de toi, elles ont dit que tu étais très mignonne et c'est vrai que tu ressembles à une poupée sur la photo que tu m'as envoyé.
Tout va bien à la maison ?
Ici, ça peut aller. J'ai eu de bonnes notes à mes devoirs de potions dernièrement et mes notes dans les autres matières augmentent. Je dessine beaucoup, depuis l'année dernière, j'aimerais bien réussir à animer les dessins, ça pourrait être drôle. Je t'en enverrais.
Tu me manques, Mao, j'espère rentrer pour ces vacances, j'ai plein de trucs à te montrer, je suis sûre que tu vas adorer.
Fais attention à toi, Belfast est une place dangereuse.
Dis à Nori de ne rien faire que je ne ferais pas.
Je vous aime. »
« Nori,
Je n'ai que quatorze ans et je sais déjà que c'est une connerie.
À vingt-et-un, tu devrais
savoir que c'en est une. »
« Nori,
Ne fais pas ça. Tu as vu comment ça a réussi à Daiki et Papa ? Tu ne peux pas faire ça. »
« Nori,
Je te jure que je vais te maudire.
Tu les as rejoint ? Vraiment ?
Au moins prends soin de toi. Ce n'est pas l'IRA qui le fera. »
Sixième année.« Mao,
Maman m'a dit que tu voulais reprendre la pâtisserie familiale. Tu veux vraiment rester à Belfast ? Je sais que c'est la ville où nous avons grandi mais ça me semble tellement dangereux, pour toi. Je sais que tu n'es pas faible, je sais que tu es capable de te défendre mais... Je ne sais pas. Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose.
Je suppose que Nori fait encore des bêtises et je ne te demande même pas pour Noboru et Rei, quels abrutis ces deux-là.
Prends soin de toi. »
« Maman,
Je ne rentrerais pas pour les vacances d'été, un ami propose de m'héberger sur Londres. Je sais ce que je compte faire plus tard et je pense que ça ne va pas te plaire mais je me lance quand même... J'aimerais être tatoueuse.
J'ai déjà commencé à tatouer en douce à Poudlard et je me débrouille pas mal. J'aimerais vraiment me lancer là-dedans.
Je t'aime. »
« Maman,
La beuglante n'était peut-être pas nécessaire.
Non, je ne ferais pas de pièces montées.
Non, je ne compte pas me marier. »
Septième année.« Maman,
J'ai passé tous mes examens et je crois que ça s'est bien passé.
J'ai trouvé un apprentissage sur Londres pour l'année à venir et une colocation.
Tout va bien pour moi. Ne t'inquiète pas.
Ne sortez pas trop de la maison.
Je sais que je suis loin mais je sais aussi que ce serait dangereux. »
Post-Poudlard.« Rei,
J'ai un jour de repos pour l'anniversaire de Maman.
Je rentrerais. Ne lui dites rien pour lui faire la surprise.
L'apprentissage se passe bien, mon colocataire est un peu zarbi mais on écoute la même chose, on s'amuse bien. Je te chanterais une chanson du concert auquel on a été, c'était dément. »
« Maman,
Oui, j'ai les bras tatoués.
Non, ça ne part pas à l'eau. »
« Maman,
Le tatoueur chez qui je fais mon apprentissage m'a dit qu'il acceptait de me reprendre pour l'année à suivre. Je suis aux anges. Je progresse à une vitesse folle, j'ai l'impression de rêver !
Je vais devoir déménager définitivement à Londres et trouver un nouvel appartement.
Mon colocataire a intégré les Sex Pistols, je te l'avais dit ?
Ne dis rien aux autres, je veux leur apprendre moi-même.
Je vous aime. »
« Mao,
Je savais que tu prendrais mal la nouvelle. Moins bien que Nori, encore, et pourtant c'était difficile. Je ne m'en vais pas parce que je déteste l'Irlande ou parce que j'ai pardonné aux anglais, je m'en vais parce que Londres est le seul endroit où je pourrais développer mes capacités, parce que, aussi, on frappe plus fort du cœur même du bastion ennemi.
Je ne vais pas justifier longuement mes choix parce que je ne veux pas me disputer avec toi, grande sœur, je te demande juste d'accepter, de m'encourager, de faire avec. Nous avons eu une vie difficile depuis la mort de Papa et de Daiki et je veux juste trouver un peu de satisfaction maintenant.
Pardonne-moi, si cela fait de moi une égoïste à tes yeux.
Je t'aime. »
« Noboru,
Demain j'ouvre mon propre salon. Comme tu m'as aidé à trouver le nom, je t'offre le premier tatouage que j'y ferais.
Attrape une pincée de poudre de cheminette et dit « AnarchInk » je te récupèrerais.
Je sais que Mao m'en veut toujours mais ça va faire quatre ans maintenant, j'espère toujours qu'elle viendra me voir.
Hâte de te voir, petit frère. »