Il n'y a pas plus difficile que d'avoir la sensation de n'être depuis sa naissance qu'une chose non désirée. Non pas que je ne l'étais pas au début, tant que j'étais bien au chaud dans le ventre de celle qui m'a mise au monde - et que j'ai bien du mal à appeler mère. J'étais un enfant choyé et attendu avec impatience. C'est ma naissance qui a tout gâché... Je n'étais pas celle qu'ils attendaient. Et pendant longtemps, je me suis demandée ce que j'avais bien pu faire de mal, je ne comprenais pas, étais trop jeune pour admettre que le simple fait d'être fille pouvait avoir eu raison de leur amour. Admettre et non pas comprendre! Je ne l'ai jamais comprit et ne le comprendrai jamais!
Il me fallu plusieurs années pour venir à l'explication qu'en fait, ce n'était pas ce que j'avais fait, mais ce que j'étais qui m'avait rendu indésirable. Comment avais-je oser naître femme? Comment avais-je oser faire cet affront à ma famille? Cela n'était pas normal, je ne pouvais qu'être mise au banc de la famille pour ne pas avoir réalisé leur rêve le plus fou, celui d'avoir un garçon.
Il me fallu faire preuve de courage et de force d'esprit pour comprendre que je n'étais pas qu'une vermine bonne à mettre à la poubelle... Ou, dans mon cas, placée auprès d'une vieille tante à moitié sénile bien que gentille. L'avantage de me trouver à ses côtés fut d'apprendre les bonnes manières qu'une dame se devait d'adopter. Mais au fond de moi, je n'en était pas une. J'étais une sauvageonne à qui on mettait un collier doré. J'ai cependant fait preuve de sagesse et de détermination malgré mon jeune âge pour affronter la vie qui serait, quoi que j'en dise et quoi qu'il se passe... La Mienne. Quoi qu'il se passe? Oui... Car à cette époque, j'avais vraiment la sensation de ne rien pouvoir faire de ma vie. Qu'elle me glisserait toujours irrémédiablement entre les doigts jusqu'à me faire définitivement faux bond.
Mais est arrivé ce qui devait arriver au sein de ma famille! La naissance de l'héritier mâle... Et l'espoir de trouver enfin une place au sein de ces gens qui n'avaient jamais réellement voulu de moi en me présentant comme la grande sœur parfaite. Ma petite sœur vint aussi au monde... Mais tout comme moi, elle fut mise plus ou moins à l'écart... Tout du moins clairement délaissée et regardée comme n'étant que l'ombre du fils tant espéré. L'impression d'être des créatures malfaisantes me passa lorsque je découvris que mon frère ne me rejetait pas. J'y voyais une opportunité de gagner de la valeur dans le coeur de nos parents... Au début. Puis je compris très vite que ma présence n'était pas pour lui qu'une simple obligation. Il m'aimait pour celle que j'étais et m'appréciait dans son coeur d'enfant. Je le rejoignais souvent, lui contant les histoires que j'avais découvert dans les livres qu'on avait bien voulu me mettre entre les mains. God semblait apprécier le son de ma voix et sa présence était étonnement apaisante. Même si il n'était pas toujours aussi gentil que je veux le penser aujourd'hui... Le petit prince de la maison!
Vint l'époque cependant où je me découvris mes premiers dons de sorcière. Les voir apparaître fut l'un des moments les plus merveilleux de ma vie, comme la révélation que, quoi qu'on en dise, j'étais bel et bien un enfant de la famille. Bon grès mal grès, on m'acheta l'ensemble des affaires nécessaires pour aller à Poudlard. Je découvris alors ma baguette magique, mon amie indéfectible... Bois de hêtre, plume de phénix... Baguette signe de sagesse et de force avec une compréhension du monde accru pour le possesseur et une envie de changer de vie, de se régénérer tel l'oiseau magique qui offrit à un moment sa plume.
Mon arrivée à Pouldard fut une réel moment magique, dans tous les sens du terme. La sensation de poids me quittait, malgré le fait de savoir au loin mon frère et ma sœur que j'aimais tant. Mais je savais qu'enfin, je pourrais m'exprimer et apprendre à être moi, à faire preuve de cette fantaisie qui m'habitait depuis toujours sans pouvoir (ou oser...) l'exprimer. J'allais enfin pourvoir devenir celle que j'étais au fond de moi!
Cela ne tarda pas. Le Choixpeau me guida vers la maison Serdaigle, la sagesse et la créativité faisaient indéniablement partie de moi sans que jamais je n'eus trouvé le moyen de les mettre en avant. Quand à mon envie d'apprendre tout, encore et toujours... Cela était typiquement la devise de cette maison!
Bien vite, je découvris que j'étais une élève volontaire et douée qui faisait preuve d'un grande maîtrise sans avoir vraiment pu pratiquer avant. Tous les domaines étaient pour moi porteur de plaisir. Mon insatiable faim d'apprentissage était largement comblée par les cours et la merveilleuse bibliothèque de l'école...
Et que dire de ce sentiment de liberté et cette impression d'une énergie retrouvée (ou que je n'avais en fait jamais connue...
Mais vint l'époque où mon frère arriva à Poudlard. Cela me procura une joie immense... Avant de me rendre compte que chaque chose que faisait mon petit frère adoré me retombait dessus. Que ce soit sa faute ou non, j'étais toujours responsable de ce qui lui arrivait. Cependant, je prenais sur moi, me rendant compte que plus mes parents me faisaient porter le chapeau, plus je démontrais une volonté croissante à m'émanciper. Je faisais également en sorte d'enseigner à mon frère un respect de la gente féminine qui faisait tant défauts au reste de la famille. Je voyais en lui le potentiel d'ouvrir des portes insoupçonnées pour les Fawley.
Plus le temps, plus les années défilaient, plus je démontrais des capacités importantes à bien des niveaux. Je faisais aussi preuve d'une étonnante stabilité émotionnelle. Ce que ma famille osait dire me faisait de moins en moins souffrir. Je démontrais d’excellentes aptitudes en métamorphose et en potions... Et m'évertuais à découvrir le monde moldu au sein d'un cours. Ce qui aurait fait trembler ma famille si je les avais intéressé un tant soit peu. Mais comme ce n'était pas le cas! J'étais un sang pur, comment ces gens sans magie pouvaient-ils me sembler ne serait-ce qu'amusant à découvrir?
Ce fut aussi à cette époque que je me rendis compte que je possédais une intuition assez forte... Que j'étais pratiquement capable de sentir ce que pensais mes petits camarades. J'en parlais à un professeur qui me conseilla de développer cette capacité en apprenant la Ligilimancie. Cela me sembla incroyablement utile lorsque ses mots pénétrèrent mon esprit... Percer les secrets des pensées des gens? Peut-être comprendrais-je les raisons qu'ont mes parents de me repousser ainsi? Je parlais de ces cours uniquement à mon frère et ma sœur, espérant qu'ils gardent le secret! Je découvris aussi que j'étais capable de créer un patronus, juste l'aura argentée... Mais au fil du temps, je suis parvenue à créer un léopard des neiges...
Puis... Une nuit... Je devais avoir 16 ans... Appelez cela une idée portée par les hormones destructrices de l'adolescence... Mais la pensée de la disparition totale et définitive de mes géniteurs me sembla subitement la meilleure chose à faire... La seule pour me rendre une liberté totale et complète aussi bien physique que morale.
Rentrer à la maison à la fin de mes études à Poudlard ne fit que faire grandir en moi cette volonté qui ne me ressemblait pourtant pas. Ce n'était pas mon genre de prôner la violence... Pourtant, cela me semblait la seule échappatoire. Les deux années qui suivirent me furent le déclencheur définitif... J'avais même l'impression d'être délaissée par les deux êtres de qui je me sentais le plus proche! Mes frère et sœur s'étaient liés plus que de raison lorsque je n'étais plus à la maison... Et une peur, que je n'avais pas connue depuis une éternité... Je l'avais même oublié, mettant mes sentiments devant laissant l'héritage derrière... Mais à présent, je me sentais à nouveau oubliée, délaissée...
Les deux années les plus longues et les plus pesantes de ma vie... Puis vint la lueur au bout du chemin! Une offre d'emploi mettant en avant ma capacité de legilimens. Fairy Life m'offrit la chance de quitter cette prison émotionnelle, de m'émanciper définitivement, de prendre les choses en mains!
Il arriva cependant une chose qui me retourna à plus d'un niveau et qui fit naître en moi des sentiments contradictoires et perturbants... La maladie de mon frère! Entre peur viscérale de perdre celui que j'aime et risque de devenir une sans logis et voir l'héritage que je considère comme mon du (tout du moins le tiers...)... Mais mon frère a survécu. Il a perdu un jambe, certes, mais il est en vie... J'ai retrouvé le sourire et le moyen de respirer, trouvé l'épanouissement dans mon travail, apportant le bonheur et la joie...
Une part de moi n'oubliant pas mon projet cruel mais salvateur... D'éliminer définitivement mes parents. Une part sombre en moi que j'ai apprit à accepter par le simple fait qu'elle est la seule dans un caractère doux, joyeux et fantaisiste!