« Parce que toi, ils viennent te parler des gens que tu sautes ?
Est-ce que c'est un autre pan de la vie sociale adolescente que je rate allègrement ? »

« Non, c'est plutôt les gens que je saute qui s'étonnent de mon attirance pour elles.
Et c'est perturbant, de se faire entendre dire que je suis gay alors que j'essaie de les serrer. »

« Je suis certaine que tu t'en sers comme d'un atout charme.
Il faudrait que je tente, moi aussi. Il n'y a pas de raison que tu sois le seul à en profiter. »

« Tu veux que je t'apprenne, chaton ?
Je serais un bon professeur, promis. Patient et compréhensif.
Je te montrerais, même, si tu te sens d'humeur empirique. »

« Tu n'oserais pas.
Je ne sais pas si j'accepterais.
Mais plus que tout, tu n'oserais pas. »

« Pourquoi est-ce que tu ne vérifies pas par toi-même ? »

« Deal. Rejoins-moi après les cours, dans les cachots, et on verra bien. »

« Tu acceptes, alors ? ♥ »

« Basiquement, oui. Mais tu bluffes. »

« À ce soir, chaton. »

Quelques jours après l'incident, le soir.

« Evan,

Pas de nouvelles de toi depuis un moment. Je suis un peu soucieux, un peu inquiet, un peu furieux. J'en ai un peu marre de jouer à chat avec toi, un peu marre aussi que tu te défiles. Globalement, je suis un peu fatigué.

Malgré tout, j'espère que tu vas bien. Personnellement, tout va bien de mon côté, les Serpentards font des choses de Serpentards, la salle commune est verte, je m'ennuie et tu me manques. Serait-il envisageable que nous parlions ou alors tu préfères t'enfermer dans ton silence alors que c'est moi qui devrait être vexé, hm ?

Amicalement,
Regulus. »

« Yo.

Navré, j'ai eu pas mal de trucs à faire.

Parler de quoi ? Être vexé de quoi ? Je ne vois pas de quoi tu parles, chaton. Je suis juste occupé, et tu devrais l'être aussi avec l'approche des OWLs. À moins que tu ne sois trop intelligent pour être au-dessus de tout ça, chaton. »

« Personne n'est trop intelligent pour réviser mais, c'est sans importance, je suis occupé aussi.
Enfin je veux dire. Evidemment que je suis occupé, ma vie ne tourne pas autour de toi mais, je ne sais pas, je pensais que. Bref, laisse tomber.

Est-ce que vous êtes à l'origine du casse dans le vestiaire de quidditch des Serpentards ? Quelqu'un m'a volé mes gants, j'aimerais les récupérer.

Regulus. »

« Non, non, va au bout de ta pensée. Bien sûr que ça m'intéresse.

Moi, non - tu sais bien que j'abhorre le Quidditch - mais il me semble que l'équipe en est à l'origine. Je vais voir si je peux trouver tes gants dans le bordel des trucs qu'ils ont volés aux Serpentard. Ils ressemblent à quoi ? »

« Je pensais qu'on avait dépassé le stade de ne plus se parler pour éviter une situation embarrassante. Mais, bref. Comme d'habitude, j'ai dû me tromper, je ne suis pas très bon avec ces choses-là.

C'est les gants que j'ai eu à Noël, tu sais, ceux en écailles de dragon, tirant sur le vert, quelque chose comme ça. Je sais que tu détestes le quidditch, mais tu devrais venir me voir jouer, je suis plutôt impressionnant sur un balai. »

« C'est ça le souci, Reg, ce n'est pas une situation embarrassante pour moi. Tu m'as lancé un défi, j'ai échoué ; tu devrais être plutôt content de gagner, pour une fois, non ?
Je ne veux pas
Bref, je ne voulais pas que tu penses que je t'évitais sciemment, parce que c'est pas le cas. Vraiment.

C'est noté, je vais aller chercher ça.
Et oui, oui, je sais, je t'ai déjà promis de venir voir un de tes matchs et je ne suis pas du genre à mentir. Enfin, pas souvent, héhé.
T'as pas besoin d'être sur un balai pour que je te trouve impressionnant, choupinet. »

« C'est plutôt embarrassant pour moi, d'être assez repoussant pour que tu n'arrives pas à le faire. Mais soit, je suppose que ça tient aussi.

Ne réduis pas à néant mon seul talent, j'en suis plutôt fier. Je te devrais une fière chandelle si tu me les retrouves, j'y tiens beaucoup et j'aimerais vraiment ne pas les perdre. (J'espère qu'ils sont entiers, accessoirement, ton équipe de quidditch me sort par les yeux.) »

Une demie-heure plus tard, accompagné d'une paire de gants.

« Tiens, ils n'ont pas l'air trop abîmés. T'as de la chance que je sois populaire auprès de mes camarades, hein ! On ne laisse pas n'importe qui s'approcher du butin Gryffondor.

Ton seul talent.. ne dis pas n'importe quoi, tu sais faire tout un tas d'autres trucs.
Genre m'agacer, tiens. C'est super dur de m'agacer normalement, toi tu le fais très bien !
(Tu dis ça parce que James et ton frère sont dedans, t'es pas objectif).

Ce n'est que je n'arrive pas à le faire. J'ai choisi de ne pas le faire, nuance.
Tu n'es pas repoussant. »

« C'est un compliment ? Tu m'agaces aussi beaucoup, c'est relativement dur à faire.
(Oui mais j'apprécie d'autres Gryffondors donc...)

Merci ô grand toi d'avoir récupérer mes gants, je t'en dois une, réclame quand tu veux. Je ne doute pas que tu sois populaire, tu as le genre de personnalité qui donne soit envie de te taper dessus, soit de faire la fête avec toi, pas d'alternatives.

Je ne sais pas comment le prendre, tu m'as perdu, là. »

« Ça doit être parce qu'on se complète parfaitement. Genre, comme des âmes sœurs, une connerie du genre.
Reg, si t'étais une nana, je te courtiserais tellement que si on avait pas été fiancés à la naissance, nos parents auraient dû se résigner à nous marier quand même. »

« Ahun. Carrément. Des âmes sœurs.
Malheureusement ni seins, ni vagins en vue, il va falloir remettre toute forme de drague de côté ?
Cela étant, être fiancé à toi dès la naissance m'aurait retiré une sacrée épine du pied - au moins, ça aurait été un mariage supportable. »

« Pourquoi, tu voudrais que je te drague ?
Arrête, je suis sûr que je ferais un mari admirable. Enfin, si je me marie un jour, ce qui semble plutôt compromis. »

« Eh bien, je suppose que ce serait une expérience sociale intéressante.
Berce-toi d'illusions, je suis sûr que tu serais terrible, que le moindre verre pas rangé te ferait hurler, que tu monopoliserais la salle de bain, que tu passerais des heures devant le miroir, que tu prendrais toute la place dans les placards, que tu oublierais toutes les dates importantes et que ce serait quand même parfait bref, voilà. Un mari horrible. »

« Tu parles, t'es pas foutu de te laisser draguer plus de deux secondes sans demander à ce qu'on te roule une pelle. T'es pas assez patient, chaton.
Hé, n'est-ce pas ce dont toutes les nanas rêvent ? Un mari qui prend soin de lui - et d'elle également, qui partagent leurs goûts, tout ça.
Bon bien sûr, toi, tu peux pas comprendre. Tu ferais un époux encore pire, avec tes bouquins et ton manque de tact et ton ignorance quand il s'agit de s'adresser aux gens. »

« Je vois pas comment tu pourrais le savoir, tu ne m'as jamais vu me faire draguer...
Ou alors elles appellent ça leur meilleur ami gay, va savoir, je ne sais pas.
C'est possible. Non, en fait, c'est carrément probable, parce que pour la faire partir le plus vite possible, il faudrait que je fasse au moins tout ça. Voir pire. Je vais trouver pire. »