« Tu sais ce que j'aimerais Lena ? »
Assise devant la cheminée, Zéléna regardait Hélios s'asseoir à côté d'elle tout en prenant la tasse qu'il lui tendait. Pour réponse, elle ne lui donnait qu'un simple regard interrogateur avant de boire une gorgée de chocolat chaud.
« J'aimerais que tu me parles de toi... On se marie dans quelques mois et je me rends compte que... Et bien que je ne te connais pas. »
Regardant son amoureux, Zéléna se mit à rire. Quand elle y repensait, c'est vrai qu'elle ne lui avait jamais vraiment parlé d'elle. Il connaissait les grandes lignes, mais du reste, rien. Aujourd'hui, elle se rendait compte qu'il avait tout à fait le droit de savoir. Après tout, il fallait qu'il sache qu'elle personne, il allait épouser.
« Et qu'est-ce que tu aimerais savoir ? »
Le politicien, comme pour réfléchir, regarda quelques secondes le feu crépitant dans la cheminée. D'un geste, il raviva les flammes et se mit à parler.
« Et bien, pourquoi ne pas me parler de toi et ta sœur ? »
Zéléna fronça les sourcils. Parler de sa sœur ne l'enchantait pas. Du moins, elle n'avait pas tellement envie de se souvenir du passé.
« Il n'y a pas grand-chose à dire et puis je t'ai déjà dit que nous ne nous entendions pas tellement... Et ne me parles pas de son mariage... »
Ce mariage, Zéléna s'en souviendrait toute sa vie et pas seulement à cause de son dénouement. Elle avait senti sur elle les regards presque haineux du coté Italien de sa famille. C'est là qu'elle avait compris que faire accepter Hélios serait encore plus dure que d'avoir fait accepter son statu anti-mafia.
« Je ne veux pas te parler du mariage, mais de ta relation avec elle et le reste de ta famille. »
Zéléna souffla, mais Hélios avait raison. Il fut un temps où tout se passait bien où tout était normal.
« Avant, moi et Daenerys étions presque une seule et même personne. Nous faisions tout ensemble. On ne se quittait jamais. On s'amusait à se ressembler comme deux gouttes de jus de citrouille. On a reçu la même éducation et en même temps. On nous a élevées pour ne former qu'une seule et même personne qui se chargerait deux fois mieux de la... Famille. »
« De l'empire mafieux de la famille... »
« Oui... Et crois moi, je... Je n'attendais qu'une seule chose, c'était que moi et Dae' devenions le cœur de la famille et qu'enfin nous puissions avoir notre mot à dire. Quand on a compris que nous devenions les héritières l'on nous a tout de suite écartés de la vie familiale. L'on nous a plongés dans le bain de la mafia. Nos parents se sont écartés de nous et ont fait comme si nous étions les vulgaires repreneurs de leur empire... J'ai parfois dû décider du futur de certains sans réellement comprendre l'importance de mes décisions. J'avais ça dans les veines. Je trouvais ça normal. À 14 ans, je pouvais facilement organiser et planifier toutes sortes d'opérations. J'avais le pouvoir de le faire et j'avais les armes. Tu ne peux pas imaginer comment je me sentais lorsque je me disais que je n'avais pas à suivre les règles du monde sorcier. J'ai adoré manipuler un tas de personnes pour arriver à ce que je voulais. À poudlard moi et Dae' n'étions pas bien vues. Maintenant, je sais que nous leur faisions peur. Tout le monde savait que nous avions nos propres règles, d'ailleurs cela m'a valu beaucoup d'heures dans les cachots. Et puis, j'en ai eu assez. Je me suis demandée pourquoi avec tous les pouvoirs que nous pouvions avoir l'on restait seule. Pourquoi les filles les plus banales avaient des petits copains. Pourquoi eux riaient avec le reste de l'école et moi, je me contentais de ne pas voir plus loin que la mafia. C'est là que j'ai mis entre parenthèses la mafia et j'ai eu mon premier petit copain. Pour une foi, j'étais différente de Dae' qui n'en avait pas, pour une foi, j'étais comme toutes les filles et puis il a fallu qu'elle fasse n'importe quoi. J'étais prête à tout partager, mais pas le garçon que j'aimais. Quand j'ai appris qu'elle avait pris mon identité pour se retrouver avec mon petit ami, j'ai complètement perdu pied. Là, j'ai décidé de mettre une barrière entre nous deux. J'ai donc fini ma scolarité de mon côté et elle du sien et c'est à partir de là que tout a déraillé. Avant de vraiment débuter ma carrière de mafieuse, j'ai voulu profiter de ma vie de collégienne. Poudlard est devenu ma liberté. J'avais beaucoup d'amis et pour la première foi, je participais à la vie du collège. Enfin, je me sentais comme une adolescente. Cependant, derrière toute cette joie, il y avait Dae' qui préparait une sorte de coup d'état familiale visant à me dégager de la succession. Là, je me suis sentie... Trahie, trompée, blessée. J'ai écouté les chefs de la famille me dire que je n'étais plus rien. J'ai accepté leur décision, leur humiliation et je suis partie. »
« Tu n'as pas essayé de récupérer ta place ? »
« J'ai vu dans le regard de ces monstres qu'ils n'attendaient qu'une chose. Que je décide de me battre contre Daenerys et que la plus forte de nous deux prennent les rênes. Là, vois-tu, l'une de nous deux aurait vraiment été légitimé comme étant le cœur de la famille... Même si Daenerys m'avait brisé le cœur, jamais je n'aurais pu me battre contre elle. Je ne pouvais pas. Je me suis dit que si elle était prête à mettre une croix sur moi pour devenir le chef de la mafia, c'est qu'elle le désirait plus que tout au monde. Moi, non, alors je devais partir. À ma demande, mes parents m'ont envoyé aux Etats-Unis dans une université de politique moldu. Au début, ça a fait du foin dans la famille, mais rapidement, j'ai constaté que certain étaient plutôt ravis. Personne ne me l'a dit ouvertement, mais j'ai vu leur comportement changé. Bizarrement, ils se sont rapprochés de moi et m'ont traité comme un vrai membre de la famille. J'avais perdu mon statut d'héritière alors ils pouvaient se permettre d'être plus proches de moi sans risquer de... De m'adoucir. Il a fallu que je joue aux faux-semblant avec Dae' pour faire croire à l'unité de la famille, mais sinon je dois dire qu'ils mon surpris. Surtout mon père qui venait souvent me voir. Je me suis sentie comme la petite fille que j'étais lorsque mon petit frère était encore parmi nous. Quand je suis revenue en Angleterre est que toute la famille a commencé à savoir ce que j'étais devenue, ils ont vu que je n'avais rien d'une mafieuse. Quand ils ont appris que je travaillais dans la politique, certains d'entre eux, surtout du côté Italien de la famille, sont venus avec de grands sourires pour me demander ce que je prévoyais de faire. Comme si toutes ces années, j'avais préparé une vengeance contre ma sœur. Je leur ai vite fait comprendre que je n'avais rien en commun avec eux et là... Ils m'ont définitivement lâché avec la mafia. Je suis devenue officiellement un membre non-mafieux.»
« Et tu comptes reprendre ta place ? »
Buvant une gorgée de son chocolat Zéléna réfléchissait. Cela faisait maintenant 7 ans qu'elle n'avait pas orchestré la moindre action mafieuse. Certes, elle pouvait agir comme tel dans certaines situations, mais il fallait être réaliste, elle n'avait plus rien à faire dans la mafia. Aujourd'hui, elle avait trouvé sa place. Il lui avait fallu du temps, mais elle ne regrettait rien. Faire de la politique et écrire des livres lui convenaient. Désormais tout semblait lui réussir. Ses romans se vendaient partout dans le monde sorcier et bientôt dans le monde moldu. La romancière Némésis d'Arc faisait un tabac. En politique aussi elle ne pouvait rêver mieux. L'on se battait pour avoir l'un de ses discours ou communiquer de presse en plus d'être la conseillère de son fiancé. Son futur mariage était aussi l'une de ses réussites. Elle avait choisi Hélios sans se demander s'il était sang-pur, parrain de la drogue ou tout autre chose. Elle avait de réels sentiments pour lui et lui pour elle. Oui, ils venaient chacun de deux mondes différents. Oui, ils avaient des âges différents. Pourtant, ils étaient heureux.
Posant sa tasse sur la table basse, Zéléna venait se blottir contre son homme en souriant.
« Si le jour de notre mariage, je te dis oui, c'est que j'aurais définitivement refusé d'être un jour dans la mafia. »
« Autrement dis, tu te laisses encore 6 mois de réflexion. »
« Parfaitement ! À moins que l'idée de devenir un méchant te plaise ?»
Pour toute réponse Hélios se mit à rire tout comme Zéléna. Ni l'un ni l'autre n'étaient attirés par la mafia. Leur préoccupation du moment n'était autre que l'avenir des sorciers dans le monde à savoir la peut-être révélation de leur existence aux yeux des moldu.